DANSE | SPECTACLE

Ainsi la nuit

18 Déc - 19 Déc 2018

Avec Ainsi la nuit, les chorégraphes Luc Petton et Marilén Iglesias-Breuker livrent une pièce pour danseurs, loups, chouettes et vautours. Entre cirque et danse, Ainsi la nuit s'empare de la peur qui accompagne l'idée de perdre le statut de prédateur, pour devenir proie.

Danser avec des animaux. Une sorte de magnétisme se dégage des pièces mettant en scène humains, chevaux, loups, coyotes, chouettes, vautours, corbeaux… Pour sa quatrième pièce mêlant danse, humain et animal, le chorégraphe Luc Petton (Cie Le Guetteur) mobilise des prédateurs nocturnes et diurnes. La pièce Ainsi la nuit (2018), chorégraphiée avec Marilén Iglesias-Breuker (Cie Icosaèdre Danse Théâtre), explore le territoire des peurs. Où l’humain, ce prédateur invétéré, renoue avec son statut de proie. Quand la nuit se fait, que les animaux guettent. Chouettes, loups et vautours peuplent Ainsi la nuit. En compagnie de cinq danseurs — Pieradolfo Ciuilli, Adalberto Fernandez-Torres, Aurore Godfroy, Xiao Yi Liu, Elise Bjerkelund Reine. Pour une pièce qui plonge dans l’imaginaire des peurs ancestrales, là où se tapit la bestialité, cet autre nom de la barbarie. Et sur une création sonore de Xavier Rosselle, Ainsi la nuit déploie le panel des états corporels accompagnant la peur.

Ainsi la nuit de Marilén Iglesias-Breuker et Luc Petton : humains, chouettes, loups…

Sursauter, courir, se figer, se recroqueviller… Mais aussi respirer, évaluer, réfléchir… Et enfin se libérer, s’apaiser. De la perception du danger à la mise en place de stratégies pour y faire face… La peur mobilise le corps dans son intégralité. Avec Ainsi la nuit, Luc Petton et Marilén Iglesias-Breuker parcourent cette occupation intense qu’induit la peur. Adrénaline, intensité, sensation de faire corps avec le présent… Comme fil conducteur ils se sont choisit La Divine Comédie de Dante Alighieri. Et la pièce se scinde en trois moments. L’enfer, où le corps est en proie à ce qui le dépasse — animaux prédateurs, terreurs, passions convulsives. Le purgatoire, où l’être se ressaisit, reprend souffle et esprit. Et le paradis, là où légèreté et clarté permettent l’envol. Une approche symbolique qui se matérialise par la parole, le trapèze, les élastiques… Avec un dispositif scénique laissant de la latitude aux corps volants (chouettes et vautours).

Une danse de prédateurs : pour visualiser la terreur, la comprendre et la dompter

Selon le mot GWF Hegel, la chouette de Minerve ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit. Discrète, la sagesse n’intervient qu’une fois les événements terminés. La pièce Ainsi la nuit est tout à la fois ce moment de peur, de retard, mais aussi de maturité. À la lisière de la danse, du cirque et de l’acrobatie, les danseurs contournent le délire pour laisser place à des gestes posés. Leurs mouvements sont souples et mesurés. Pour répondre à cette angoisse ancestrale de la dévoration. Tourbillonnaire, la peur n’évite pas le danger. Les animaux sentent la terreur, et les êtres humains sont des animaux. Avec Ainsi la nuit, ce ne sont pas tant les animaux qui sont domptés que ces émotions qui brouillent les sens face à la perception du danger (réel ou imaginé). Et nouant des liens apaisés avec loups, chouettes et vautours, Ainsi la nuit propose une alternative pacifique.

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