À La BF15, Xavier Antin fait glisser l’espace d’exposition vers une image, dans laquelle on entrerait pour seulement témoigner de sa dissolution. Dans un mouvement simultané d’apparition et d’effacement, se déploie la reconstitution de structures historiques à l’équilibre précaire. Dans l’espace, les structures semblent n’exister qu’en tant que souvenir, comme une idée ou une image approximative tridimensionnelle, ne prenant corps que temporairement, à travers l’ajustement approximatif d’éléments hétérogènes portant les traces de leur propre histoire.
« L + T » (Leger und Träger) tient son nom du dispositif d’exposition imaginé en 1924 par le designer et architecte Frederick Kiesler, alors proche du mouvement DeStijl. Kiesler conçu cette structure modulaire et autoportante pour l’exposition Internationale Ausstellung Neuer Theatertechnik, à Vienne, présentant une sélection de scénographies de théâtre et dispositifs scéniques les plus avant-gardistes de l’époque. Elle fut en outre pour Kielser un véritable manifeste contribuant à la réflexion alors naissante autour des modalités d’exposition. Il décida notamment de noircir parois et plafonds: «J’ai neutralisé la boîte avec le noir et dilaté les surfaces à l’infini» écrit-il dans ses notes rétrospectives.
Voilà l’exposition, soudain «réduite» au seul support et aux objets exposés, flottante dans un espace nocturne et dilaté à l’infini. Les visiteurs circulent parmi les objets exposés et sont en même temps enveloppés, submergés et entourés par le support d’exposition. La nouveauté n’échappe pas à Theo Van Doesburg qui parle dans ses écrits d’une « forme d’exposition centripète» en opposition au mode « centrifuge » des expositions traditionnelles, qui utilisent les parois comme cimaises. Avec ce support tout à fait disproportionné par rapport à la taille et au nombre des objets présentés, « L’Art du théâtre en Autriche » innove dans l’art d’exposer et propose au public une véritable expérimentation spatiale. » (Frederick Kiesler)
Il n’existe aujourd’hui que quatre à cinq images documentant les structures L+T. Aucun plan original n’ayant été conservé, c’est à partir de cette iconographie et avec l’aide de la Fondation Kiesler à Vienne que le dispositif est réinvesti. Ces structures destinées à montrer des images « modernes » devenues images (symboliquement une image de la modernité et littéralement image comme seule forme d’archive) constitue ainsi plus qu’une mise en abîme, un jeu de miroirs sans fin.
Vernissage
Jeudi 29 janvier 2015 Ã 18h