Claire Fontaine
Love is Never Enough
Dans « Love is Never Enough » (L’amour n’est jamais assez) l’artiste collective Claire Fontaine présente une nouvelle sélection d’œuvres qui abordent la banqueroute émotionnelle de notre temps. Le titre de l’exposition suggère que notre besoin d’amour est presque illimité et qu’il ne peut pas être satisfait dans la configuration actuelle de la société, mais aussi que dans le monde d’aujourd’hui, plus que jamais, les bonnes intentions n’aboutissent à rien sans les moyens matériels qui leur permettent de devenir effectives. L’exposition s’attaque aux questions de l’exclusion et de l’inclusion, de la sécurité et de la peur à travers l’usage conceptuel de plusieurs médias.
A l’entrée de la galerie, Claire Fontaine présente l’anagramme de l’enseigne en néon «Open», un objet iconique de la culture commerciale américaine et un magnifique ready-made à cause de ses implications métaphysiques (l’ouverture peut être une position morale, une attitude qui simplement accueille les possibilités). Son enseigne est en tout et pour tout identique à l’objet originaire, il en a la même forme et les mêmes couleurs, mais les lettres qui composent le mot ont changé de place et l’ont transformé en une négation laconique et déprimée: «nope». «Nope» est une publicité de la négativité gratuite et du refus générique, c’est une variation de la célèbre phrase de Bartleby «I would prefer not to» («je préférerai ne pas»).
Claire Fontaine expose aussi une nouvelle série de «Fresh Paintings», à la lettre «peintures fraîches», réalisées avec une peinture anti-invasion, une matière qui ne sèche jamais et qui est normalement appliquée sur murs et grilles pour marquer le voleur ou l’intrus d’une souillure qui matérialise ses intentions coupables sur son corps. Les toiles créées avec cette technique restent dans un état d’enfance, vulnérables et jamais totalement achevées, toujours «fraîches».
Avec le néon You are not from the Castle, l’artiste reproduit une phrase mémorable tirée du Château de Kafka, où K, l’étranger, l’hôte ingrat, se fait rappeler son statut en tout similaire à celui des millions de réfugiés qui cherchent hospitalité dans nos pays ces jours-ci. La citation dans sa totalité dit: «Vous n’êtes pas du château, vous n’êtes pas du village, vous n’êtes rien. Mais par malheur vous êtes, cependant, quelque chose: un étranger, un de trop, qui gêne toujours. Un faiseur de trouble.»