Entre danse et installation, le performeur belge Louis Vanhaverbeke se met en scène dans des soli où se côtoient objets en plastique, boîtes colorées, petits drapeaux multicolores… Un univers d’apparence ludique, en kit, pour une identité composite. Slameur, Louis Vanhaverbeke cultive des rythmes dynamiques. Pour Actoral 2018, il vient présenter sa troisième performance, Mikado Remix (2018). S’il est une question qui hante tous les êtres grégaires et sociaux, c’est : comment être normal. Depuis l’adolescence, Louis Vanhaverbeke se sert un peu de la musique (du rap à la pop) pour tisser des liens avec le monde. Chacun cherche et trouve des créneaux, des points d’entrée et de sortie pour s’intégrer socialement. Et Mikado Remix joue sur la réflexion autour de ce désir de norme, d’intégration et de quête d’identité. Plus qu’un désir : une nécessité. Qui confine parfois à l’absurde ou à l’arbitraire le plus contreproductif.
Mikado Remix de Louis Vanhaverbeke : une performance d’isolement et d’ouverture
Pour Mikado Remix, sur scène Louis Vanhaverbeke fractionne l’espace. Composant un monde cellulaire, en résonance avec les milieux carcéraux et scolaires. De la norme au pathologique (ou anormalité)… De la répétition à la différence (ou distinction)… Derrière cette question basique et vitale (la survie des êtres sociaux est aussi conditionnée par leur degré d’intégration) : une foule de possibilités. En bricoleur DIY [Do It Yourself, faites-le vous-mêmes], Louis Vanhaverbeke agence la scène en petites cellules de bric et de broc. Délimitant ainsi des espaces avec les moyens du bord. Les mites à fourreau se tissent un cocon protecteur à partir des mini-fragments de leur environnement, pour s’y fondre autant que s’en couper. Avec Mikado Remix, Louis Vanhaverbeke explore en quelque sorte cette dynamique, telle qu’elle se rencontre aussi chez l’animal social humain. Avec, notamment, l’un de ses matériaux de prédilection (peut-être car très présent dans l’environnement) : la barrière Heras.
Un bricolage en solo pour explorer la quête de normalité, d’intégration et ses dérives
Jeu d’empilement, le mikado teste la dextérité. Dans son solo Mikado Remix, Louis Vanhaverbeke teste la pertinence du cloisonnement. Il suffit de quatre parois pour délimiter un espace avec un dedans et un dehors. Refuge ou prison. En artiste polyvalent et constructeur, Louis Vanhaverbeke fractionne l’espace comme le slam fractionne le temps. Interrogeant par là même les mécanismes d’isolement, spatial comme mental. Au fil d’une performance colorée et vive. Un choix qui rappelle combien le rapport à l’espace physique est aussi ce qui permet de tester la valeur des constructions idéales. Avec sa poésie concrète, avec son slam (en anglais surtitré en français) Louis Vanhaverbeke arrange, dérange, porte, transporte et ausculte la liberté. Qui devra aller de quel côté de quelle barrière ? Dans un monde où chacun des sept ou huit milliards d’habitants semble souffrir de claustrophobie, Mikado Remix bougera les lignes avec minutie, jusqu’à ce que.