De grandes photos en couleur proposent une relecture des gravures de Goya en paraphrasant leur mises en scène. Morimura y joue seul tous les rôles, celui de la courtisane comme celui de la chouette hantant les plus lugubres visions du peintre espagnol.
Ainsi démultipliés, les visages à la fois semblables et changeants de Morimura ouvrent au jeu de la parodie. Les photographies de l’artiste affirment leur inscription dans l’histoire contemporaine : des téléphones portables apparaissent comme accessoires des courtisanes, des chars d’assaut envahissent les épaules du peintre abattu dans la réplique de la célèbre gravure Le sommeil de la raison engendre des monstres tandis que des avions militaires volent au dessus de sa tête.
L’esthétique lisse du traitement digital, les couleurs criardes et les lumières cinématographiques ainsi que le fond neutre de toutes ces images leur confèrent un caractère futuriste, comme si en plus d’effectuer une transposition du passé dans le présent, Morimura projetait également ces saynètes dans le futur, peut-être justement pour pointer par cet exercice de parodie une histoire qui n’en finit pas de se rejouer, une fatalité de la destinée humaine condamnée à poursuivre ses hypocrisies et à se heurter à l’impossibilité de toute relation authentique au monde.
Yasumasa Morimura
— Look, This Is In Fashion!, 2004.C-print (Diasec).70×60 cm.Edition of 10
— Exchange Of Devouring, 2004. Photographie sur toile. 60×80 cm. Edition of 10
— A Nightmare Is Coming, Crawling Up. Get Up!, 2004. C-print (Diasec). 160×120 cm. Edition of 5
— Why Does The False Become True After Hearing It Several Times?, 2004. C-print (Diasec). 160×120 cm. Edition of 5
— Portrait of a Satirist wearin a Bucket, 2004. Photographie. 70×60 cm. Edition of 10
— Masquerade at any Time, at any Place, 2004. C-print sur Diasec. 160×120 cm. Edition of 5
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