L’exposition « Los Angeles, les années cool » à La Villa Arson, à Nice, revient sur les premières années créatives de celle qui se fit connaître à partir des années 1970 sous le nom de Judy Chicago.
« Los Angeles, les années cool » : la première période créative de Judy Chicago
L’exposition rassemble pour la première fois une grande partie des œuvres réalisées par l’artiste américaine Judy Chicago des années 1960 au début des années 1970 : des peintures, des sculptures et des installations qui témoignent d’une production singulière et expérimentale profondément ancrée dans le contexte californien de l’époque. L’œuvre de Judy Chicago a en effet été largement célébrée mais elle ne commence qu’en 1970, lorsque l’artiste apparaît sous le pseudonyme de Judy Chicago dans les pages publicitaires de la revue Artforum.
Or la pratique artistique de celle qui s’appelle encore Judy Gerowitz a débuté avant cette date, sous la forme d’expérimentations qui s’inscrivirent à la croisée des divers mouvements émergents de l’époque : le pop art, le light and space, le hard edge et le minimalisme. C’est sur cette première période créative méconnue que revient l’exposition, tout en entourant les Å“uvres de Judy Chicago de réalisation d’autres artistes de la côte ouest qui ont tous participé ces travaux durant cette période : Marcia Hafif, John McCracken, Robert Morris, Bruce Nauman, Pat O’Neill et DeWain Valentine.
La scène californienne, de Judy Chicago à John McCracken, Bruce Nauman, DeWain Valentine…
L’installation Feather Room, réalisée en 1967 par Judy Chicago, monumentale association de bâches légères, de plumes blanches et d’un système lumineux, se révèle comme une œuvre comparable aux plus grands projets light and space de son temps. L’œuvre intitulée Flight Hood des motifs symétriques peints en aplats de couleurs vives sur le capot d’une voiture Corvair. L’ensemble Pale Green Domes with Solid Core, de 1968, est composé d’un verre miroir monté sur une table en acrylique, sur lequel sont disposés quatre dôme recouverts de peinture pulvérisée.
Les peintures, sculptures et installations de Judy Chicago des années 1960 se sont développées à partir du terreau artistique et expérimental de la Californie, où est née l’esthétique cool school. Elles correspondent au style dit du finish fetish, qui privilégie l’utilisation de matériaux issus de la vie et de l’industrie locales tels que le plexiglas, le vinyle, le polyester ou le Lucite, selon une orientation pop vernaculaire. Cependant, les formes suggestives et les formats monumentaux des réalisations de Judy Chicago leur confèrent une singularité au sein même de le scène de la côte ouest américaine.