Gilbert & George
London Pictures
Les titres des œuvres correspondent à des mots prélevés par les artistes, qui se répètent en rouge dans chaque subdivision de l’image, tel un slogan. Ces courtes phrases de 3 à 5 mots évoquent la vie urbaine moderne et la construction des œuvres insiste ainsi sur le caractère répétitif des phénomènes concernés.
Répétition de l’histoire, fusion des drames à l’échelle locale et mondiale, des crises de la société dans son ensemble, ces mots anodins (Addict, Cyclist, Hate), deviennent les nœuds de toutes les tensions entre les citoyens eux mêmes mais aussi avec leur propre environnement.
Ces notions domestiques deviennent des phrases choc, témoignage en forme de cris du malaise de leurs contemporains.
Spectateurs et acteurs centraux dans leurs propres œuvres comme dans les récits qu’ils exposent, Gilbert & George apparaissent dans les «London Pictures» de façon diaphane, presque fantomatiques. Témoins infatigables de leur habitat urbain, ils deviennent mémoire et traversent le temps, l’Histoire et les histoires qui nous entourent, nous submergent.
La description journalistique exempte de morale est précisément ce qui amène Michael Bracewell à parler d’un drame urbain rejoué sans jugement sous la forme d’un grand récit visuel (great visual novel).
Gilbert, né dans les Dolomites italiennes en 1943, et George, né dans le Devon anglais en 1942, chacun étudiant en art, se rencontrent en 1967 à la St Martin’s School of Art de Londres.
L’exposition s’accompagne d’un catalogue amplement illustré, comprenant un texte du romancier et journaliste culturel Michael Bracewell.