DANSE | SPECTACLE

Loin…

26 Juil - 29 Juil 2009
Vernissage le 26 Juil 2009

Sur les traces de la guerre d’Indochine et de ses ravages identitaires, le nouveau solo de Rachid Ouramdane s’imprègne de l’histoire pour mieux la réinventer. Mouvante, tortueuse, surprenante, la danse épouse les changements de l’homme en sondant le labyrinthe obscur et lumineux de sa mémoire.

Rachid Ouramdane
Loin…

Rachid Ouramdane est seul sur scène, mais son solo est très peuplé. Il y a tout d’abord la présence de son père, ce père à la fois colonisé (Algérien, les Français ne l’ont pas ménagé) et colonisateur (militaire, il a fait campagne en Indochine sous le drapeau tricolore). Ce père dont le spectacle évoque la vie, avec ses ellipses, ses secrets, ses interdits, mais aussi le lien filial enfin reconstitué grâce aux souvenirs confiés.

Viennent ensuite plusieurs entretiens filmés, réalisés par Rachid Ouramdane au Viêtnam, sur les traces de son père, et aux États-Unis, où le jeune chorégraphe a rencontré des témoins de l’autre guerre de colonisation, celle menée par l’Amérique en ce même pays, quelques années plus tard. Si Rachid Ouramdane n’est pas seul, entouré de sons, d’images et de voix, sa danse n’est jamais un mime des autres, une grimace de la guerre faite au loin, une reconstitution de la violence subie par les colonisés. Elle est autre chose, masquée, mouvante et surprenante.

Son minimalisme dit mieux que les grands effets ce sentiment d’être étranger partout, même chez soi. Comme si la danse voulait creuser cela, s’immiscer par des gestes lents et simples dans ce sentiment-là. Pour mieux montrer sa violence. Par pulsions envahissant soudain un corps malmené, par éclats de voix et grands pas arpentant les quatre coins de la scène, par étouffement saisissant un visage sous voile, qui cherche de l’air et de l’aide. Cette aide ne viendra pas : Rachid Ouramdane est seul et loin, avec les sons, les images et les voix qui l’habitent, avec le texte qu’il a écrit sur le malaise qu’il a ressenti au Viêtnam, pris pour un colon alors qu’il est fils de colonisé. Il est seul et loin, mais son spectacle nous rend cette étrangeté et l’étranger étrangement proches.

Horaires : 14h30
Durée : 55 min
Lieu : salle Benoît XII
Création solo 2008.
— Chorégraphie: Rachid Ouramdane
— Musique: Alexandre Meyer
— Images vidéographiques: Aldo Lee

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