Communiqué de presse
Axel Pahlavi, Julien Sirjacq
Logique des confins
Axel Pahlavi et Julien Sirjacq sont deux jeunes artistes capables de créer des récits sans complaisance qui ne laissent pas le regardeur indifférent. Ils se côtoient amicalement et professionnellement depuis plus de dix ans. Pourtant si leurs oeuvres ont souvent cohabité dans les mêmes espaces, elles n’ont encore jamais eu l’opportunité de composer un scénario commun.
A l’invitation de la galerie Norbert Pastor, chacun avance vers l’autre sur des chemins parallèles, argumentant à l’aune de ses préoccupations tout en préservant ses spécificités à l’aide de ses médiums de prédilections : sérigraphies, vidéos et son pour Julien Sirjacq, dessins et peintures pour Axel Pahlavi. L’univers de Julien Sirjacq, souvent composé de dramaturgies hyperréalistes (vivarium où cohabitent serpent et souris, araignée qui tisse sa toile en temps réel), est ainsi confronté aux territoires mystiques qui imprègnent le monde d’Axel Pahlavi, (centaurette, Jeanne d’Arc, apôtres, Christ en résurrection). Ce dernier a composé, il y a plusieurs années, un dessin emblématique de ses préoccupations, L’enfant masturbateur, une oeuvre, en noir et blanc et au trait gras. Elle représente un enfant, en position de yogi, qui tient son pénis dressé dans la main droite, pendant que ses fantasmes envahissent le haut de l’image.
Pour cette exposition, il a réalisé plusieurs figures d’adolescents. Celle d’un héros japonais de notre enfance, Albator, cape
au vent, inactif et songeur, totalement égaré dans un monde intérieur alors que les éléments cosmiques se déchaînent autour de lui. Ou encore, DJ Horizon, une jeune fille debout, le visage sans expression semble rêver devant deux platines, pendant qu’un bras venant d’outre-tombe mixe pour elle. Dans chaque toile, les personnages représentés suspendent leurs actions et songent, les yeux clos, comme s’ils cherchaient à se détacher de la narration qu’ils illustrent. « Chez moi, il y a une volonté de s’extraire des formes tentaculaires du pouvoir. Le corps n’est pas transposé dans le réel à une autre échelle, il est aspiré dans le mythe et /ou la religion vivante », confie l’artiste.
Il est aussi question du corps chez Julien Sirjacq, un corps confronté au réel, mais un réel qui intégrerait du récit vécu par l’artiste, un équivalent de l’autofiction littéraire transposée dans les arts visuels. Toujours préoccupé par les problématiques des lieux de vie, Julien Sirjacq a choisi de s’intéresser à un chantier dirigé par un ami japonais, chef de projet pour le compte du célèbre architecte Frédéric Borel. Il a enregistré les différentes phases de construction d’un immeuble dans un quartier du 13ème arrondissement de Paris qu’il a beaucoup arpenté durant son adolescence.
« Ce qui m’intéresse, c’est d’observer comment les espaces contraignent les corps et peuvent être des instruments de contrôle de la vision. Je prends l’immeuble et je crée une fiction en y introduisant des éléments fantomatiques et religieux », explique-t-il.
Le projet débutera par le rite shinto, un rituel de purification effectué dans les sous-sols du bâtiment qui devient ainsi un personnage vivant à la manière de l’hôtel Overlook dans le film de Kubrick, Shining. « Je vais créer un mythe que je souhaite exploiter sur plusieurs expositions. Je serai une sorte de hacker qui pénètre par effraction dans le bâtiment et qui y introduit un Léviathan ».