Yto Barrada, Taysir Batniji, Florence Chevallier, Marcel Dinahet, Maud Houssais, Mehdi Meddaci, Osman Dinc, Yazid Oulab, Ariane Tillenon
Logique de la mappemonde
«L’exposition «Logique de la mappemonde» conçue avec Didier Mencoboni a pour point de départ les notions approchées dans le livre éponyme dont elle développe et prolonge, toutefois, le propos.
Cet essai, Logique de la mappemonde, note sur l’espace (pourquoi méditerranéen?), accompagné d’un cahier iconographique de photographies de Florence Chevallier, Bernard Guillot, François Méchain, Corinne Mercadier, Bernard Plossu, et de photogrammes extraits de films de Jean-Luc Godard et de Jean-Daniel Pollet, proposait une étude, poétique et esthétique, d’œuvres d’art ayant traité de l’espace méditerranéen dans la littérature, la photographie, le cinéma. L’idée de paysage – son expérience – y apparaissait historiquement fécondée par les migrations, les dialogues, les rencontres et les nomadismes. Dès lors, dans un tel éloge des passages, géographiques mais aussi artistiques, une préfiguration des relations trans-esthétiques entre les images, les textes et les sons pouvait être observée, analysée…
À l’instar de celui-ci, l’exposition s’inscrit d’abord dans une pluralité de médiums qui se répondent (sculptures d’Osman Dinc et de Yazid Oulab, photographies de Yto Barrada, de Florence Chevallier et de Mehdi Meddaci, vidéos de Marcel Dinahet et de Taysir Batniji, conférences de Maud Houssais et d’Ariane Tillenon). À ce titre – essentiel à mes yeux –, cette exposition continue la réflexion trans-esthétique qui la préfigurait… De la circulation des signes à une circulation entre les signes… Nomadisme sémiologique dont les villes, étendues, espaces de Sète, Marseille, Beyrouth, du désert algérien, d’Oujda, de Tanger, Rabat, Casablanca constituent l’une des possibles cartographies.
La perspective d’un minimalisme, contemplatif et radical, monochromatique à sa façon, révèlera une poétique des sensations méditerranéennes, leur lyrisme et leur énigme (à l’instar de la mer hypnotique de Marcel Dinahet dans Regarder la mer – La Mer à Sète, 2012). À cet égard, l’exposition fait aussi apparaître l’incandescence d’une présence au monde (infini du désert algérien dans Élévation de Yazid Oulab, 2007), et son éblouissement dans l’image (hallucinations traversant les limites du visible dans Départ de Taysir Banitji, 2002). Une représentation fantomatique du paysage se constitue dès lors en filigranes dans l’exposition… Vertige de l’imaginaire dans la sculpture Hommage à l’homme qui cherche l’eau d’Osman Dinc, 1989, ou dans les reflets de l’image en abyme d’Yto Barrada Détroit de Gibraltar, 2003.
Des sculptures, des photographies, des films, des conférences, donc, qui dévoileront autant d’approches, fragmentaires et radicales, d’un espace et d’une mer que les artistes décrivent comme irréversiblement poétiques – et traversés d’un point à l’autre par (et de) l’Histoire –, tragiques, fantomatiques et solaires.
Autant de rencontres trans-esthétiques où, le temps de l’exposition Logique de la mappemonde et de la programmation Suite nomade qui l’accompagne, les images, les textes et les sons, trouveront leur dynamique et leur véhicule… Autant d’utopies – artistiques, esthétiques, poétiques, politiques – qui en sont le prolongement et l’horizon d’attente.»
Alexandre Castant
Conférences:
— Mercredi 5 juin 2013, les avant-gardes artistiques au Maroc des années 1960 à nos jours par Maud Houssais.
— Jeudi 6 juin, Etude sur Mapping Journey Project de Bouchra Khalili (2008-2011) par Ariane Tillenon.
Exposition accompagnée de Suite nomade à l’Ensa et la Médiathèque de Bourges
, une programmation artistique de l’École nationale supérieure d’art de Bourges.
Commissariat: Alexandre Castant
 en collaboration avec Didier Mencoboni