Moins d’une semaine après l’ouverture de l’exposition estivale du Château de Versailles, qui accueille cette année l’artiste anglo-indien Anish Kapoor, une des œuvres présentées dans les jardins a été l’objet d’un acte de vandalisme dans la soirée du mercredi 17 juin.
L’acte n’a pour l’instant pas été revendiqué. La polémique autour de Dirty Corner n’a cessé d’enfler depuis l’ouverture de l’exposition vendredi dernier. Cette œuvre monumentale biomorphique, qui représente une sorte de trompe ou de tunnel à la couleur rouille et au titre évocateur («dirty» pouvant signifier à la fois sale ou obscène), n’a pas tardé à s’attirer les foudres de certains visiteurs. Pire encore, l’œuvre en a simplement été réduite à cette connotation sexuelle par ses détracteurs qui l’ont renommé «le vagin de la reine» et crient au scandale. Face à ces accusations, Anish Kapoor affirme n’avoir jamais prononcé ces mots pour qualifier son œuvre, même s’il ne dément pas la connotation sexuelle évidente.
A l’heure actuelle, nul ne peut dire si l’œuvre va demeurer à Versailles ou être démontée. Aspergée allégrement de peinture jaune, il semble impossible de la nettoyer sans en ôter sa patine rouillée qui lui donne cette teinte si particulière contrastant fabuleusement avec l’harmonie et l’ordre qui règnent dans les jardins.
Cet épisode n’est pas sans rappeler celui de la sculpture monumentale de Paul McCarthy, installée Place Vendôme à l’automne 2014, vandalisée pour sa ressemblance avec un plug anal, ce qui avait conduit l’artiste à renoncer à regonfler son œuvre.
L’introduction de l’art contemporain dans l’espace public et dans les sites patrimoniaux a bien sûr pour objectif de susciter des réactions, de provoquer et surtout d’ouvrir au débat… Le vandalisme reste la plus extrême des réactions face à une œuvre d’art, qui peut être assimiler ici à un rejet pur et simple de l’art de notre temps. N’en déplaisent aux détracteurs, ces actes de vandalisme qui se multiplient ne font que réaffirmer la nécessité pour de telles œuvres d’exister.