Avec l’exposition « Liz Magor », le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice consacre une rétrospective à l’œuvre de la sculptrice canadienne. Un ensemble d’œuvres réalisées entre 1989 et 2017 témoignent de son exploration du consumérisme, de notre rapport aux objets, de l’obsolescence et du détournement du réel.
Les sculptures de Liz Magor reproduisent le quotidien ordinaire
L’exposition retrace le parcours de Liz Magor, sculptrice canadienne majeure de ces trente dernières années. Sur mille deux cents mètres carré se déploie un univers peuplé d’objets à l’allure familière. La sculpture intitulée Double Cabinet Rust and Wine aligne des bouteilles de gin sous des imitations de tissu en gypse polymérisé, tandis que dans celle intitulée Carton II, ce sont des paquets de cigarettes qui sont stockés sous des imitations de vêtements et chaussures.
La sculpture Stack of Trays est un empilement de plateaux réalisés par Liz Magor, imitant des plateaux de bars, entre lesquels sont glissés divers objets trouvés : flasque d’alcool, emballages de bonbons, chewing-gums, cigarettes… Ainsi se dessine l’enjeu de la pratique de Liz Magor qui s’intéresse au quotidien le plus ordinaire et aux objets qui le peuplent.
Liz Magor met en lumière notre rapport aux objets
La démarche de Liz Magor vise à mettre en lumière l’attrait de notre société pour la consommation, qui pousse chacun à acheter, accumuler et finalement oublier des objets. C’est notre relation intime à ces derniers qui intéresse la sculptrice et en particulier l’obsolescence qui les guette inévitablement. Souvent montrés dans des situations de délaissement, les objets de Liz Magor sont marqués par leur usage et leur vécu, dont ils ont atteint la limite, devenant des rebuts. Ainsi la sculptrice dressent-elles des sortes de natures mortes contemporaines qui ont valeur de memento mori, nous rappelant notre finitude à travers celle des objets.
Les œuvres de Liz Magor mêlent objets réels et sculptures d’objets et reposent donc sur l’illusionnisme. Ainsi se développe une autre lecture de sa pratique qui, à travers l’imitation et le simulacre, génère une confusion entre ce qui est manufacturé et ce qui est créé artistiquement en atelier. Cette perception troublée ouvre un nouveau rapport entre les choses et surtout entre elles et nous.