Miquel Barcelo
L’inassèchement
Cette exposition regroupe des œuvres récentes du grand artiste catalan. Ses explorations sous-marines et son île natale de Majorque ont inspiré à Miquel Barcelo les dix-sept tableaux rassemblés ici.
A mi-chemin entre abstraction et figuration, il a peint une suite de portraits de créatures marines observées au cours de ses plongées hivernales. On retrouve ici ses deux thèmes de prédilection, la nature et le voyage. Miquel Barcelo utilise divers pigments, parfois rehaussés de fusain et d’incrustations de matériaux tels que le miroir accentuant l’effet de relief.
Miquel Barcelo confie: «Je fais de la plongée sous-marine depuis toujours. Quand j’exécute de grands tableaux à même le sol, je suis dans un rapport d’immersion avec eux. Je me mets en apnée. Je fais les mouvements justes, ou du moins j’essaie. Je retiens ma respiration, je compense la pression. Puis je remonte en expulsant l’eau de mer du tuba… Enfin, presque. Ce serait donc le tempo de mes tableaux, ces minutes d’apnée successives. Chez Georges Seurat, par exemple, c’est le frottement prolongé du crayon Conté ou l’alphabet morse des coups de pinceau, presque silencieux, la pointe inclinée à 25° sur le papier à grain. Taptap-taptaptap-tap. Et chez Van Gogh, la cadence des trains entrant dans une gare de province ou de banlieue. Tchou-tchou-tchou-tchou-tchou. Taran-tarantaran-tarara: chez Picasso, de longues phrases musicales avec des fins abruptes, des claquements de mains et des coups de talon qui scandent la seguiriya du flamenco (ensuite le Ripolin évoquerait plutôt la solea).»
Les œuvres de Miquel Barcelo, renommées pour leur diversité et leur originalité, vont du bas-relief en céramique monumental, pour la chapelle Saint-Pierre dans la cathédrale de Palma de Majorque, à la performance sculpturale hallucinante, à la faveur d’une collaboration avec le chorégraphe français d’origine yougoslave Josef Nadj. En 2008, il a conçu et réalisé la fresque de la coupole dans la Salle des droits de l’homme au Palais des Nations, le siège de l’Onu à Genève. Pour couvrir l’immense voûte de 1500 m2, il a projeté plus de trente-cinq tonnes de peinture obtenue avec des pigments du monde entier, produisant un foisonnement de stalactites multicolores.
A côté de ces créations spectaculaires, Miquel Barcelo continue depuis vingt ans à se rendre régulièrement en Afrique occidentale. Contrairement à beaucoup d’artistes séduits par cette région du globe, il ne s’intéresse pas aux aspects exotiques, mais à la vie quotidienne des habitants, qu’il évoque notamment dans ses Carnets d’Afrique.
En s’imprégnant d’une pluralité de cultures et de paysages, il revisite les genres classiques de la peinture, paysage, nature morte ou portrait, les thèmes comme l’atelier de l’artiste, et les fondements techniques: perspective, couleur, lumière et composition.