Sylvie Auvray
L’important c’est de bien placer la bougie
Sculptures en céramique mais également peintures sont au programme de l’exposition consacrée à Sylvie Auvray à la galerie Laurent Godin. De retour d’une résidence au Texas, l’artiste parisienne en a rapporté une nouvelle horde de ses créatures mi-attendrissantes mi-effrayantes.
En se voulant peut-être moins attirantes qu’ont pu l’être certaines de ses créations passées, les œuvres potières exposées reviennent à une approche brute de cet art, celle d’un défi posé aux éléments. Ainsi cette sorte d’immense jarre tubulaire, qui semble s’imposer de tout son volume et par son anatomie incongrue.
Aux côtés de ces monstres volumineux, c’est cependant la petite sculpture qui domine. Si elle ne s’affirme pas par la taille, elle conserve pourtant une façon de se mesurer aux pièces monumentales par son apparence et sa nature. Les formes indéfinissables et les assemblages inattendus donnent leur personnalité à ces œuvres qui se soustraient à toute fonction et à toute identité établie. C’est aussi ce qui les rend à la fois séduisantes et repoussantes : ce pot blanc cerclé de lamelles brunes et éclaboussé de rouge est-il un vase ou bien un outil sacrificiel, ces coussins d’un beau vert nuancé mais d’une dureté de pierre sont-ils plus attirants que les moelleux oreillers à côté desquels ils sont disposés ?
Sylvie Auvray offre ici des exemples de son habituel talent à redonner vie à des objets trouvés ou chinés, en les intégrant dans une nouvelle peau de terre. Des canettes en aluminium deviennent l’ossature de pieds de céramique géants, des fils de nylon deviennent les cheveux ou la langue de masques dont les formes disloquées et biscornues revisitent l’imaginaire africain.
Mais surtout, Sylvie Auvray interpelle par les techniques non conventionnelles qu’elle utilise, faussant compagnie aux normes de la tradition céramiste pour la rendre plus apte à enfanter les entités insolites dessinées par son imagination. De la peinture pour voiture recouvre la faïence d’un petit groupe de personnages entre aliens et extra-terrestres ; les matières (porcelaine, faïence et grès émaillé) s’associent pour former un improbable vase garni de pointes…
Les toiles exposées se font, elles, plus familières, presque enfantines. Les nombreuses représentations d’animaux y dévoilent des airs et des postures amusantes et attachantes, usant de techniques simples et d’un trait rapide, souvent griffonné. Suivant les mêmes processus que l’acte potier, ces peintures aussi se livrent dans une certaine rudesse et s’affranchissent des cadres admis.