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L’Image survivante. Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg

Ce livre propose de redonner valeur d’usage à une notion délaissée par les sciences historiques: la survivance. Façon d’interroger la mémoire à l’œuvre dans les images de la culture.

— Éditeur(s) : Paris, Les Éditions de Minuit
— Collection : Paradoxe
— Année : 2002
— Format : 22 x 13 cm
— Illustrations : quelques, en noir et blanc
— Pages : 592
— Langue(s) : français
— ISBN : 2-7073-1772-1
— Prix : 27 €

Présentation

Comprendre une image ? L’expérience nous enseigne qu’il faut se mettre, en la regardant, à l’écoute de sa teneur temporelle, cette polyrythmie dont elle est toute tissée. Or, les modèles historiques standard — passé et présent, ancien et nouveau, obsolescences et renaissances, moderne et postmoderne — échouent à décrire cette complexité.
Prolongeant une enquête sur l’anachronisme menée dans Devant le temps, ce livre propose de redonner valeur d’usage à une notion délaissée par les sciences historiques : la survivance. Façon d’interroger, au cœur même de leur histoire, la mémoire à l’œuvre dans les images de la culture.

C’est Aby Warburg (1866-1929) qui, le premier, fit de la survivance (Nachleben) le motif central de son approche anthropologique de l’art occidental : elle est ici étudiée dans sa logique, dans ses sources et dans ses résonances philosophiques, qui vont de l’historicité selon Burckhardt à l’inconscient selon Freud en passant par les survivals selon Tylor, l’éternel retour selon Nietzsche, la mémoire biologique selon Darwin, la morphologie selon Goethe, l’empathie selon Vischer, la phénoménologie du temps psychique selon Binswanger…

Cette multiplicité d’approches était bien la seule voie possible pour décrire la paradoxale « vie » (Leben) des images. Par une telle démarche heuristique — c’est-à-dire jamais dogmatique —, Warburg nous introduit aux paradoxes constitutifs de l’image elle-même: sa nature de fantôme et sa capacité de revenance, de hantise; son pouvoir de transmettre le pathos dans une chorégraphie de gestes fondamentaux, que théorise le concept, crucial, de Pathosformel; sa structure de symptôme où se mêlent latences et crises, mémoire et désir, répétitions et différences, refoulements et après-coups. L’image s’y révèle comme le théâtre intense de temps hétérogènes qui prennent corps ensemble.

De tout cela naît un savoir nouveau. C’est une connaissance par le montage que le dernier projet de Warburg, Mnemosyne, met en œuvre de façon si étonnamment actuelle. Walter Benjamin a posé qu’une histoire de la culture ne va pas sans la mise au jour d’un « inconscient de la vision ». Aby Warburg avait compris qu’une telle mise au jour n’est possible qu’à interroger cet « inconscient du temps » qu’est la survivance.

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