Karina Bisch, Sophie Bueno-Boutellier, Damien Cadio, Etienne Chambaud, Mark Geffriaud, Jimmy Robert, Clément Rodzielski, Oscar Tuazon, Ida Tursic, Wilfried Mille
L’image cabrée
Judicaël Lavrador, choisi comme commissaire d’exposition de cette onzième édition du Prix de la Fondation d’entreprise Ricard, présente neuf artistes français, émigrés ou immigrés: Karina Bisch, Sophie Bueno-Boutellier, Damien Cadio, Etienne Chambaud, Mark Geffriaud, Jimmy Robert, Clément Rodzielski, Oscar Tuazon, Ida Tursic & Wilfried Mille.
L’exposition du onzième Prix Fondation d’entreprise Ricard réserve une place en vue à neuf artistes qui travaillent pourtant à échapper à la vue des autres. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait rien à voir, ni que les pièces soient cachées, mais plutôt que, d’une manière ou d’une autre, les artistes occultent et révèlent en même temps, donnent et reprennent d’un même geste, misent et reprennent leur mise, tournent la page et y reviennent. «L’image cabrée», c’est donc d’abord ce parcours chaotique en forme de volte-face que les artistes imposent aux images. Ils en travaillent le recto et le verso, le positif et le négatif, le support et la surface sur un mode duel plutôt qu’harmonieux.
Chacun a sa méthode: bomber le verso d’une affiche (Clément Rodzielski), déchirer des pages de magazines et les couler dans le ciment (Oscar Tuazon), trouer un atlas (Etienne Chambaud), laisser transparaître le dos de la page d’un livre, (Mark Geffriaud), peindre la page déchirée d’un magazine, (Tursic&Mille), peindre l’image d’un châssis (Damien Cadio), prendre un paravent pour un tableau ou l’inverse, (Karina Bisch), froisser une toile (Sophie Bueno Boutellier), projeter le recto d’une page ce sont là autant de manières de redonner une épaisseur à la représentation du monde.
L’image cabrée, désigne alors aussi ces oeuvres qui redonnent aux images une texture palpable. De fait, les artistes les reprennent en main plus qu’ils ne les manipulent. Il ne s’agit plus pour eux d’en détourner les signes ou la symbolique. Mais bien de s’en saisir et de les retourner dans tous les sens.
Chez chacun des artistes, la création résulte d’un travail manuel autant que conceptuel, du geste autant que de l’idée. C’est pourquoi les oeuvres laissent d’ailleurs deviner les différentes étapes de leur fabrication. Mais il y a une autre raison à cela. Les oeuvres exposées envisagent les images ou n’importe quel type de matériau sous l’angle de leur circulation, de leur reproduction et de leur diffusion. Elles se remettent en jeu constamment. Elles ne tiennent pas à une forme fixe, ni à une place attitrée. Elles tiennent à avoir des copies, des répliques, des doubles. Elles demandent à être altérées, modifiées, remises sur le métier.
«L’image cabrée», c’est donc, enfin, celle qui en quelque sorte ne peut tenir en place, celle qui n’est pas définitive, parce qu’elle résulte d’un transfert (sur un autre support par exemple) et attend le prochain (via un autre canal), à moins qu’elle ne rebrousse chemin et revienne (par exemple encore) au stade du brouillon.
L’exposition du coup correspond davantage à une mécanique qu’à un panoramique. On y met le doigt dans un engrenage de trois salles. Chacune porte un sous-titre (1. L’oeil-stylet 2. La Main mise 3. Volte-face) renvoyant aux trois connotations du titre, «L’image cabrée».
Chaque artiste a été invité à présenter une pièce dans chacune des salles. C’est là une manière de multiplier les configurations mais surtout de calquer le tempo de l’exposition sur celui du travail des artistes dont les oeuvres se déplient et se replient dans un même mouvement, tournent le dos avant de se révéler de face, se suivent et ne se ressemblent pas. Biographies et visuels des oeuvres des artistes ci-après.
Remise du 11e Prix Fondation d’entreprise Ricard
Le 11e Prix Fondation d’entreprise Ricard sera remis à l’un des artistes de l’exposition «L’image cabrée» lors du Bal jaune qui se tiendra le 23 octobre.
Vernissage
Lundi 21 septembre à partir de 18h30.
critique
L’image cabrée