Minia Biabiany
L’île du dehors
Le lieu est un réceptacle. L’espace de la galerie devient la source des interventions réalisées: à partir des composants du lieu (paramètres spatiaux, détails/restes d’interventions, vécu du lieu), des éléments «étrangers» à l’espace permettent de le relire, sous différents angles, par différentes strates du regard. Le parcours du corps du spectateur permet qu’au fur et à mesure, les logiques de l’installation apparaissent, entre phénoménologie et imaginaire.
Ces ajouts ne sont finalement pas étrangers au lieu, puisqu’ils en sont issus. Ils se déploient par le lieu et grâce à lui. Des systèmes de zones se créent, des frontières et des territoires se dessinent, s’enchevêtrent. Comment un espace peut-il en accueillir un autre?
Le fil et le textile sont des éléments qui amènent la trame, la couche, la superposition et permettent une lecture à différentes vitesses. Le mental arpente, fait des va-et-vient, pour ensuite former sa compréhension. Les éléments de mon travail procèdent d’une fragmentation qui forme un système. Ils questionnent l’endroit où ils existent tout en dialoguant entre eux, au milieu du spectateur.
Le spectateur arrive dans un lieu chargé d’un vécu et d’une intimité. Dans le passage induit par la disposition et les limites de l’espace, tout un mouvement et une direction sont donnés au regard et à la lecture. «L’île du dehors» est peut-être un passage entre l’intérieur et l’extérieur d’un lieu: ce qui ne fait pas partie du lieu le caractérise autant que ce qu’il contient. Aussi, lumière du jour et lumière artificielle alternent leurs cycles, et induisent pour un même espace des ouvertures et des regards pluriels.