Ultralab
L’Île de Paradis™ (version1.15). Un voyage au milieu du temps
Puisant ses références dans la littérature, l’histoire de l’art ou encore le cinéma, Ultralab™ et ses invités conçoivent une œuvre protéiforme imprégnée d’ironie : un vaste et hybride dispositif multimédia qui entraine les visiteurs dans un Jeu de Paume reconstruit à la manière d’un terrain de jeu vidéo. Immergé dans une “partie” qui l’amène à se déplacer virtuellement dans les salles d’exposition du Jeu de Paume, le visiteur devenu joueur et explorateur découvre un univers parallèle étrange, envahi par la mer et parsemé d’îlots paradisiaques. Des dispositifs énigmatiques sont installés sur ces îles, et des passages secrets permettent d’accéder à des zones du bâtiment inconnues et obscures.
Des écrans placés dans différents endroits du Jeu de Paume, permettent aux autres visiteurs de suivre la “partie” en cours. Le reste du dispositif se déploie également dans l’ensemble de l’édifice, parasitant du sol au plafond tous les espaces : salles d’exposition, escaliers, couloirs, salle de documentation…
La version 1.15 de «L’Île de Paradis™» se réfère explicitement à l’univers du jeu vidéo et au langage spécifique de l’informatique. Le spectateur est invité à prendre une part active dans l’environnement virtuel Map™ de «L’Île de Paradis™», cœur du dispositif qui présente une version modélisée du Jeu de Paume. Dans cette proposition, Ultralab™ recrée l’édifice en inversant les rapports de forces artistiques : les espaces d’expositions qui accueillent Edward Steichen sont investis par le groupe d’artistes alors que les œuvres du photographe sont déplacées dans les espaces initialement dévolus à Ultralab™.
Émanations de l’environnement 3D interactif, des archipels en bois, peints aux couleurs de la gamme de «L’Île de Paradis™», semblent littéralement percer la structure architecturale existante et y redessiner de nouveaux contours. Plusieurs monochromes viennent également marquer les murs de leurs larges aplats. Dialoguant avec malice, tout autant avec l’histoire de la peinture abstraite qu’avec l’univers des effets spéciaux (le fameux fond bleu), ces peintures-écrans apparaissent comme le lieu d’un possible passage entre le monde réel et celui du jeu.
Tout un arsenal technique (câbles d’alimentation apparents par exemple) tend d’ailleurs à nous faire croire que cet imposant dispositif est en état de marche et que d’incessants allers et retours entre cette version fictive du lieu et la réalité sont concevables, ou en tout cas crédibles.
Mêlant le goût de l’exotisme, du voyage et du paradis perdu, le thème «L’Île de Paradis™» cristallise un fantasme universel. Ultralab™ parvient à nous faire traverser différents niveaux de réalité en jouant avec l’imagination et les référents de chacun.
Cette proposition se reflète aussi sur le réseau Internet, dans un site fonctionnant comme une machine à répertorier, à documenter, archiver, et sert de laboratoire immatériel à une relance plastique de la notion d’utopie, disséquée de façon à exposer sa fragilité, sa complexité, ses contradictions, et jusqu’à ses pires dysfonctionnements…
À l’occasion de cette exposition, le film Psychopathologie de la vie quotidienne dans le monde des arts sera présenté en avant-première dans la salle de cinéma le jeudi 8 novembre 2007 à 19h, en présence des artistes. Réalisé par Jérôme de Missolz, sur un concept d’Ultralab™, ce film retrace grâce à une série d’entretiens, les remous provoqués dans le petit monde de l’art, en 1999, suite à l’envoi de dix faux cartons d’invitation.
Artistes
Ultralab™ est un groupe d’artistes et de graphistes créé à Paris en août 2000 par Pascal Béjean, Frédéric Bortolotti, Didier Lechenne et P. Nicolas Ledoux. Imaginé pour favoriser une approche originale du travail en groupe, développer selon les projets un principe d’invitations régulières, et rechercher une forme inédite d’autonomie artistique, économique et politique, Ultralab™ est une entité hybride qui a choisi de travailler aux frontières de l’art, de la science et de la communication. Ultralab™ est représenté par la galerie Magda Danysz à Paris.
Avec la participation de At Dead Horse Point, Christophe Demarthe, Anne-Valérie Gasc, Herman Gomthir, Soyung Lee et Anne-Laure Sacriste.