L’exposition « L’île de la Mémoire » à La Box, à Bourges, réunit des œuvres de neuf artistes issues de la Collection Famille Servais. Les photographies, toiles, installations, sculptures et performances ont en commun une exploration de la mémoire, des monuments et des éléments symboliques qu’ils représentent.
De la Chine au Mexique, un même travail autour des réalités sociales
L’installation Love Story de Liu Chuang est composée de trois mille romans populaires qui ont été loués ou empruntés par des travailleurs migrants dans la ville chinoise de Dongguan et des notes anonymes consacrées à ces ouvrages. Les notes sont regroupées en sept catégories et dessinent peu à peu un portrait des ouvriers chinois.
L’œuvre Naturaleza de imitación de Fritzia IrÃzar est une mise en lumière des conséquences désastreuses de l’exploitation des mines de diamant. L’artiste a collecté des cheveux de membres de la communauté tarahumaras de l’état mexicain de Chihuahua, une région où sont extraits des diamants et qui subit une terrible crise alimentaire. Grâce à un processus d’extraction des molécules de carbone, les cheveux sont ensuite transformés en un diamant. Ainsi est symbolisé la cruauté liée au processus de fabrication des diamants, symbole de richesse et d’élégance.
Sopheap Pich revisite l’histoire du Cambodge et Taysir Batniji celle de la Palestine
Chez Sopheap Pich, c’est l’histoire du Cambodge, particulièrement pendant la période des Khmers Rouges, qui est revisitée. Des pièces sculpturales en lanières de bambou et de rotin font écho à divers détails de la culture et de l’histoire cambodgienne pour explorer le temps, la mémoire et le corps. La sculpture Luminous Fall (Four Falls) reproduit une grille pour évoquer les nombreuses arrestations et détentions qui ont eu lieu de 1975 à 1979.
Une série photographique de Taysir Batniji a pour titre GH0809, l’abréviation de « Gaza House 2008-2009 ». Elle montre des maisons palestiniennes qui ont été détruites à Gaza après l’attaque israélienne Plomb durci en 2008-2009. Les photographies sont affichées comme le sont les images de biens à vendre et à louer dans les vitrines d’agences immobilières. Le caractère étranger de la réalité quotidienne dans la bande de Gaza aux yeux des Occidentaux est amplifié par ce dispositif qui la confronte violemment à une présentation familière.
L’exposition est le deuxième volet de la proposition curatoriale de Nicolas de Ribou intitulée « Souvenir de Mwene Mutapa – Cartographie exotique d’une collection ». La mémoire est ici explorée à travers des Å“uvres issues de cultures et territoires différents, reflétant ainsi des situations politiques et sociales très variées.