L’exposition « Ligne continue » à la galerie parisienne Georges-Philippe et Nathalie Vallois présente des œuvres de Peter Stämpfli. Une vidéo, une installation, des peintures et dessins permettent de retracer la carrière de cet artiste contemporain suisse majeur.
« Ligne continue » : la route et le pneu comme motifs graphiques
Le titre de l’exposition, « Ligne continue », renvoie à l’œuvre qui forme son introduction et à sa conception même par Peter Stämpfli qui a imaginé un parcours en forme de ligne continue, depuis ses œuvres des années 1970 jusqu’à aujourd’hui.
L’exposition s’ouvre sur le film Ligne continue, le deuxième réalisé par Peter Stämpfli, en 1974. Cette surprenante expérience cinématographique hypnotique et quasiment psychédélique est construite autour de la route en tant que motif visuel. Celui-ci, réduit à une ligne continue en mouvement, qui défile, s’interrompt, accélère, devient un simple élément graphique à travers lequel se visualisent le temps et l’espace.
Le parcours se poursuit avec une sélection de peintures et de dessins datant des années 1990 qui n’avaient jusque là jamais été exposés à Paris. Qu’il s’agisse de dessin au crayon de couleur sur papier ou d’aquarelle sur papier, de gouache ou d’huile sur toile, toutes ces œuvres témoignent du choix graphique que Peter Stämpfli a opéré dès 1969, à savoir de consacrer l’ensemble de sa production à un unique sujet : les pneus de voiture et leurs traces.
Peter Stämpfli transforme un motif issu de l’industrie en élément esthétique
Les motifs caractéristiques des pneus de voiture sont pour Peter Stämpfli un moyen idéal pour créer un art figuratif qui, par la reconfiguration, puisse atteindre la même puissance formelle et le même impact que l’abstraction. L’utilisation de la couleur, vive et lumineuse ici, sombre là , ou au contraire du noir et blanc, la multiplicité des formes (grandes peintures murales, toiles monumentales, dessins à la mine de plomb, gouaches, aquarelles ou pastels…) et la complexité ou la simplification des lignes constituent autant de voies pour décliner sans cesse le même thème du pneu jusqu’à en faire une signature. Ainsi un motif banal issu du champ industriel devient-il par l’art un élément esthétique.
La répétition à l’infini du motif du pneu par Peter Stämpfli renvoie aux modes de production liés à la société moderne : ce symbole de l’industrie automobile devient aussi celui de la fabrication en série et de l’influence de celle-ci et des technologies modernes sur les paysages de plus en plus urbanisés des pays occidentaux.
Enfin, l’exposition se referme sur une installation monumentale réalisée in situ sur la vitrine de la galerie par Peter Stämpfli, spécialement pour l’occasion.