ART | EXPO

Light Matters

18 Oct - 08 Déc 2007
Vernissage le 18 Oct 2007

La galerie Emmanuel Perrotin présente une exposition des peintures de Martin Oppel.

Martin Oppel
Light Matters

Comme condition de son travail artistique, Martin Oppel met toujours en avant son grand intérêt pour «l’études des cultures antiques et leur capacité à refléter la persistance des préoccupations humaine basiques». Cet intérêt se double encore, chez lui, d’une recherche liée à « la persistance de la géométrie» : de l’ancien au moderne, du passé au présent, de l’architecture au paysage, le travail de Martin Oppel, à partir de repérages culturels et géométriques, organise donc la redistribution et la circulation de formes génériques (la croix, la ziggourat, la ligne brisée…) en un discours où sont prises en écharpe des structures d’oppositions binaires et élémentaires : nature et culture en sont les deux grandes catégories, figuration et abstraction les deux modalités de représentation, pop culture et minimalisme les deux esthétiques référentielles…
Les œuvres de Martin Oppel convoquent ainsi un ensemble de signes, qu’elles déplacent dans différents contextes, les exposant à une organisation nouvelle.

Sur ses dernières séries de peintures, la voix lactée se dessine ainsi comme les lumières d’une ville vue depuis un avion, les reflets du soleil inscrivent un brasier ardent sur des façades de buildings, les spots de concerts strient l’obscurité pour y tracer les contours de monuments invisibles. Lignes brisées, ziggourat et même fractales (dans la sculpture Cendre d’étoiles ou dans la série de toiles appelées Palettes), ce travail des formes élémentaires engage, chez Martin Oppel, une dialectique qui rejoue les relations de signification – signifiants et signifiés des invariants géométriques et culturels convoqués –, à travers des déplacements, des re-contextualisations, et des re-connexions.

Trois effets immédiats surgissent de ces manipulations. Dans le rapport de permanence des formes s’affirme l’analogie, comme possibilité première de mise en relation des signes ; dans la convocation des cultures anciennes avec les cultures contemporaines s’affirme l’anachronisme, choc des temps dans un espace donné. La combinaison de l’analogie, sur le plan formel, et de l’anachronisme sur le plan spatial, engage l’exposition des signes vers une archéologie (à la fois méthode de recherche et modèle de présentation muséographique, dans l’écho warburgien d’un Atlas mnémosyne). Le jeu de langage qui s’opère à travers le repérage, la fragmentation et la redistribution des signes, dans les différentes réalisations de l’artiste comme dans ses différentes expositions, formule à nouveaux frais la question de l’aura, celle des formes premières, celle des œuvres qui les rejouent (et ce dans un sens presque littéral lorsque la lumière y est convoquée). Il faut, à ce titre, noter une constante supplémentaire dans le travail plastique de Martin Oppel, car l’aura y suppose la présence d’une scène, qu’elle soit matérielle (le concert de rock), culturelle (dans la convocation de certains codes de la représentation, avec ces scènes de genre, images et objets fonctionnant comme des totems ou des archétypes), ou originaires (les lieux où les signes se manifestent en tant que signes pour la première fois, les étoiles dans le ciel, notamment). Ces différentes scènes renvoient finalement à une scène primaire, où l’aura ne cesserait de se perdre et de se retrouver simultanément dans la multiplication et la permanence de ses formes.
Christophe Kihm

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