Sarah Fauguet, David Cousinard
Life is beautiful
Sarah Fauguet et David Cousinard développent en binôme, depuis plus de sept ans, une démarche sculpturale. Leur intérêt pour la spécificité de ce médium — matière, forme et volume — se nourrit d’autres formes d’art qui élargissent le champ de la perception, notamment le cinéma et l’architecture.
L’installation présentée dans la galerie donne la mesure de leurs interventions dans l’espace et la façon dont ils exploitent les caractéristiques spatiales propres à un lieu. Ici, en l’occurrence, leur travail commence par apprécier le vide et la volumétrie de la galerie pour mettre en tension la prédominance d’une pièce à l’autre. Ils vont bâtir, au sens propre comme au sens figuré, une intrigue autour de cette enfilade de pièces et ouvrir un nouveau passage. Tout s’organise de façon à édifier un dispositif troublant qui focalise l’attention sur la petite salle.
Les éléments réalisés pour l’exposition jouent sur des registres d’échelles et de matières différentes qui accroissent le sentiment d’ambiguïté de leur statut. Les volumes ont une tonalité grave et pesante. Les objets fonctionnent comme des indices et renvoient à une pratique spécifique dont on ignorerait cependant l’exacte destination. Cultivant ainsi une ambivalence entre matériel médical et engins de torture.
Les oeuvres de Sarah Fauguet et David Cousinard donnent souvent le sentiment d’être traversées par un élan de projections mentales. Elles n’ont de cesse de nous interroger sur la nature de l’endroit parcouru. Un peu comme si un scénario activait le parcours. Quelles que soient les références possibles (entre autres, serions-nous face à une salle d’interrogatoire?) leur oeuvre active l’imaginaire de chacun et invite à puiser dans une mémoire commune nourrie de fantasmes filmiques, de récits, de faits d’actualité. Le point de vue est ouvert et l’énigme demeure.