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Life in a Solution of Death

A quoi ressemble l’intérieur de la boîte de Pandore ? En voilà une petite description. Werner Reiterer a customisé l’entrée de la galerie Loevenbruck opérant d’emblée un déplacement de sens: il y est marqué Sortie de secours.

Au centre de la salle d’exposition, un obus de deux mètres environ à l’équilibre précaire menace de sa présence silencieuse. Cynique, il arbore quelques mots sur son corps d’aluminium: «Balancing the Peace».

Autre pièce d’humour noir de Werner Reiterer, une table en bois supportant trois objets: une feuille en papier sur laquelle est noté «Will be back in five minutes. Signé : God», un téléphone portable dont un miroir remplace l’écran, ainsi qu’un néon rond luminescent. Le téléphone sonne dès qu’un visiteur franchit le seuil de galerie. Dieu est parti, abandonnant son auréole et son téléphone portable qui sonne dans le vide…

Hélas, le temps est compté comme le rappelle froidement un écran digital au mur. Il défile: décompte macabre d’années, de mois, de jours, d’heures, de minutes et de secondes. D’après un test d’espérance de vie qu’a fait Werner Reiterer, les chiffres affichés indiquent le temps qu’il lui reste à vivre.

Dans un coin, une boîte en fer ressemblant à s’y méprendre à une poubelle à papier est percé d’un trou minuscule, tel celui d’un sténopé, par lequel jaillit une lumière crue. Sur cette boîte est inscrit: «The light in my father’eyes 10 seconds after his death».

Aux murs, divers dessins au crayon à papier sont comme autant de fenêtres sur des univers saturés et étrangement inquiétants. Les sols s’élèvent doucement pour former des murs, les routes ne sont pas planes mais montent à la verticale, des cocottes-minutes en lévitation exhalent. Une multitude de devinettes métaphysiques campant des mondes qui semblent relever de l’absurde.

Pourtant, a contrario du mouvement surréaliste où l’inconscient des artistes dicte pour une bonne part la réalisation des œuvres, les pièces de Werner Reiterer sont pensées et ne doivent rien à l’aléatoire. Ces crimes prémédités et surprenants contiennent en eux une logique interprétative qui, si elle est ouverte, n’est pas gratuite.

Werner Reiterer s’était déjà fait remarquer en France à l’occasion de l’exposition Château de Tokyo-Palais de Fontainebleau (2008) en gonflant un chat empaillé à l’hélium par le rectum, mettant en scène la vision cauchemardesque d’un félin en lévitation au plafond, maintenu en l’air par un tuyau.
L’artiste à l’humour corrosif rouvre à la galerie Loevenbruck sa boîte de Pandore détraquée, jonchant son sol et ses murs de traquenards mentaux.

Sculptures
Draft For an Altar, 2009.Table, chaise, néon, téléphone portable, capteur de mouvements, haut-parleurs ; 94 x 85 x 83.5 cm. Edition à 2 exemplaires. N°1/2
Balancing The Peace, 2009. Techniques mixtes ; 192 x 60 x 60 cm. Pièce unique
The Light in my Father’s Eyes
10 Seconds After his Death, 2008. Led-light, transformateur, boîte métallique, cable ; 30 x 22 x 22 cm. Edition de 3 exemplaires. N°1/3
Sans Titre, 2009. Compteur digital ; 15 x 151 x 5 cm. Edition à 2 exemplaires. N°1/2

Dessins
Sans Titre (Sortie de secours), 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm
Airport in the Middle Ages, 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm
Eau de virus, 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm
Wareligion, 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm
Me Reborn as a Stone, 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm
Will be Back in 5 Minutes…, 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm
God’s apartment, 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm
Reconstructed Soul of a Suicide Car Bomber, 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm
Exhibition with bad Breath, 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm
Cooking an Idea While Sleeping, 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm
Sans titre (Shit), 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm
Read my Light, 2009. Graphite sur papier ; 70 x 50 cm

Édition
Sans titre, 2009. Sérigraphie 2 couleurs ; 100 x 70 cm. Édition à 10 exemplaires + 1 E.A.

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