XPO Gallery, autrement nommée XPO.Studio, est avant tout un projet curatorial, celui de Philippe Riss. L’enjeu principal est le suivant : l’art contemporain et la création à l’ère du postdigital. Riss, en tant que curateur, développe une activité protéiforme et internationale, dans le monde « physique » comme sur Internet. Avec le projet HYPERSALON, par exemple. Et c’est davantage sous forme de think tank qu’aura fonctionné XPO Gallery, ouverte aux publics de 2012 à 2016. Proche de la Gaîté Lyrique, XPO présentait une création innovante, traversée par les technologies et les entités digitales. Non pas une création n’utilisant que des media connectés, mais une création réfléchissant les enjeux du digital et du post-digital.
XPO Gallery : le postdigital et l’art contemporain des digital natives
Avec « Les Oracles » (2015), la curatrice Marisa Olson avait convié dix plasticiennes à questionner les science-fictions. Sculptures, peintures, photos, installations, vidéo, animation… Cyberféminisme, utopies et dystopies, afrofuturisme, iconographies science-fictionnelles dans la pop culture… Une exposition collective en forme de terrains d’expérimentations, pour se risquer à penser l’actuel. Avec Jeannette Hayes et sa série de peintures DeMooning Transformation (2014), reprenant la figure iconique de Sailor Moon. À travers l’installation d’Aleksandra Domanović, Things to Come (2014), remixant les charismatiques tachikomas de Ghost in the Shell. Ou avec Juliete Bonneviot, et ses peintures figuratives (série Brooks, 2010) faisant apparaître des terras incognitas, paysages issus de logiciels 3D. À raison d’une par an, les expositions collectives d’XPO Gallery auront ainsi exploré les entrelacs organique / digital. Avec « Les cascades de l’infraréel » (2012) ; « Offline art: new2 » (2013) ; « Full screen – wear art on your wrist » (2014) ; « Drawing after digital » (2016).
Des œuvres et expositions questionnant les usages quotidiens du numérique
Les artistes représentés par XPO Gallery ont ainsi en commun une culture de digital natives. Par le dessin et l’installation, Vincent Broquaire questionne les nouveaux usages, quotidiens, du numérique. Grégory Chatonsky, artiste multimédia pionnier du netart, explore les flux, les mémoires, les obsolescences. En 2014, l’exposition de Paul Souviron, « Entropie/Anthropie », s’était penchée, avec ses installations et sculptures, sur les compressions mémorielles. Comme un palais de la mémoire où les allégories auraient muté. Aram Bartholl, artiste conceptuel berlinois, développe son Å“uvre autour des intrications entre digital et physicalités. Sa sculpture Map (2006), par exemple, consiste en un gigantesque symbole de géolocalisation, rouge. En 2013, pour son exposition « Hello world! » à la Kunstverein de Kassel, Map avait été plantée sur la célèbre pelouse du Fridericianum. Depuis mi-2016 les activités publiques et in situ d’XPO Gallery sont en pause. À suivre ?