Peut-être par nécessité, pour faire face aux difficultés croissantes à maintenir une activité artistique vivante, ou pour mieux s’inscrire sur la scène internationale, les acteurs du monde de l’art ont appris à travailler ensemble, à mener des actions communes, à se regrouper.
Souvent par quartiers, comme les galeries du XIIIe arrondissement dans l’association Louise; parfois pour partager un même espace, comme des galeries Anton Weller, Le Sous-Sol et Bernard Jordan, ou comme la galerie &, dont le nom dit sa structure plurielle.
Il est heureux, et somme toute normal, que des liens se tissent par delà les concurrences et les rivalités entre les professionnels de l’art.
Pour qui prête attention aux œuvres et aux processus artistiques, il est plus stimulant encore de constater, à la lumière des expositions en cours à Paris, que certaines œuvres résonnent entre elles. Moins par leurs thèmes que par leurs formes et surtout par leurs matériaux. Évidemment au-delà de toute concertation et volonté.
Le retour de la peinture, dont il a beaucoup été question, a sans doute contribué à brouiller une réalité plus complexe.
Plus ponctuellement, on note en ce moment à Paris une récurrence discrète du miroir dans les œuvres de Philippe Meste (Jousse Entreprise), Philippe Poupet (Éric Dupont), Frank Scurti (Palais de Tokyo), et Nedko Solakov (Georges-Philippe et Nathalie Vallois).
Si la peinture reste présente, c’est largement sous des formes géométriques : Frank Nitsche (Nathalie Obadia), Bruno Rousselot (Zürcher), Francis Baudevin (Art : Concept).
Est-ce un pur hasard, le texte tient un rôle de matériau dans plusieurs expositions : le texte projeté avec Patrick Corillon (& : inSitu) et Rebecca Horn (Palais de Tokyo), le texte rapporté aux seules lettres avec James Thornhill (Jennifer Flay), mais aussi le texte en cours de rédaction sous l’aspect du journal intime avec Elmgreen & Dragset (Emmanuel Perrotin).
On le verra, un autre élément figure dans le paysage artistique de cette nouvelle année : le phallus.
André Rouillé.
Photo:
Bruno Rousselot, Éclat n°4, 2002. Dispersion acrylique sur toile.120 x 120 cm.
Photo : paris-art.com. Courtesy Galerie Zürcher.