Les dessins de Zoë Mendelson réunissent illustrations pour enfants, scènes érotiques et imagerie végétale pour, selon l’artiste, «communiquer ses obsessions» sous forme de tableaux oniriques intimes aux titres souvent humoristiques.
A la galerie Edouard Manet, un premier dispositif en six exemplaires, met en scène six dessins muraux: ils paraissent être projetés par les projecteurs anciens qui leur font face. L’artiste pourvoit cette installation de détails «pour faire vrai» : des feuilles de papier jaune roulées en cône matérialisant le faisceau de lumière sortant de leurs lentilles, un septième projecteur «en panne» ne projette pas d’image, et sur l’un des dessins la phrase «Panorama on a giant screen» est écrite en miroir, donnant ainsi l’impression que la diapositive a été placée à l’envers.
A la galerie Schleicher+Lange, un second dispositif ancien, une structure à œilleton surmontée d’un collage en trois dimensions sous une cloche de verre est également un leurre (Delusion) auquel personne ne songe à croire.
Des dessins faxés font le lien entre les deux expositions, comme un troisième acte entre «Illusion» et «Delusion».
Composée majoritairement de dessins au crayon sur papier et murs blancs, «Lie detector» (acte I et II) est un exposition en gris et blanc, agrémentée de quelques couleurs apportées par les collages et les pompons jaunes, violets et roses que l’artiste dissémine ça et là dans quelques cadres, tiroirs, jusqu’à l’arrière d’une fleur décollée du papier peint qui termine l’exposition à la galerie Manet.
La prédisposition Zoë Mendelson pour le matériau simple qu’est le crayon de papier dénote une économie de moyens, mais constitue surtout un premier indice d’une attirance pour l’éphémère que l’artiste affirme elle-même: «Je trouve incroyablement excitant de produire des œuvres qui disparaissent — j’aime le fait d’être libérée de leur longévité».
L’aspect éphémère du travail de Zoë Mendelson est présent dans les performances et les œuvres in situ en général, mais particulièrement ici dans la vidéo Ces châteaux de sable — fragiles par excellence — et dans la mise en scène du dessin mural produit lors de la performance du vernissage à la galerie Manet. Ce dernier est déjà partiellement recouvert de peinture et un escabeau, un seau de peinture blanche et un rouleau l’entourent, comme si le travail d’effacement n’avait été suspendu que provisoirement.
Les deux expositions nous plongent ainsi dans un univers éphémère, séduisant, et douillet, prônant une esthétique du détail qui demande un examen patient de chaque œuvre, qu’il s’agisse d’un dessin, d’un collage ou du buffet des années 1920 dans la dernière salle de la galerie Manet, dont chaque niche recueille des dessins, collages, photographies et objets divers.
Zoë Mendelson
— Mirage #1 (If You Lived Here You Would Be Home By Now), 2008. Collage, cloche de verre, lumière fluorescent, socle
— Mirage #2 (Unstuffed), 2008. Collage, cloche de verre, lumière fluorescent, socle
— Failure In The Invention Of Cinema, 2008. Collage, projecteur, bois, papier
— In the Projection Room, 2008. Collage et dessin sur papier
— Horticulture Vulture, 2008. Collage et dessin sur papier
— The Indirect Way (A Collage About Blindness), 2008. Collage et dessin sur papier
— The Family Creative Workshop, 2008. Collage
— The Use Of Things(Telescopes), 2008. Collage et dessin sur papier
— After Dinner, 2008. Collage et dessin, encadré. 38,5 x 63 cm
— Analysis of a Dream, 2007. Collage, encadré. 29 x 22 cm
— Material for Pegasus, 2008. Collage et dessin. 37 x 73 cm
— Usherette, 2008. Feutre sur papier calque, encadré. 47 x 35 cm
— Ces Châteaux de sable (Sketch For Performance), 2008. Pen on draft film, encadré. 35 x 26 cm
— Sketch for Dora’s (Left), 2008. Feutre sur papier calque, encadré. 47 x 35 cm
— Sketch for Dora’s (Right), 2008. Feutre sur papier calque, encadré. 35 x 26 cm
— Drawing For Double Portrait, 2007. Feutre sur papier calque, encadré. 26 x 65 cm
— Bedlam Drawing #1, 2008. Dessin et collage sur papier. 130 x 163,5 cm