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L’hypothèse verticale

C’est fort d’un questionnement autour de la lumière et de la peinture dans la profondeur et l’espace que Cécile Bart présente L’Hypothèse verticale, nouvel aboutissement de son travail. Jouant avec les ombres, les filtres et les matières translucides, l’artiste illustre un trouble dans des voyages de couleurs aux airs fantomatiques.

Information

  • @2012
  • 2978-2-95412-450-6
  • \5€
  • E30
  • Zoui
  • 4français
  • }150 L - 210 H

Cécile Bart
L’hypothèse verticale

Sept grandes peintures/écrans, calées exactement entre sol et poutres, et reprenant les proportions de deux cimaises mobiles appartenant au dispositif ordinaire de la grande salle d’exposition du Musée Régional d’Art Contemporain à Sérignan, scandent l’espace en rangées parallèles tout en le ponctuant de façon aléatoire. Sur les écrans, des rectangles peints «à fond perdu» s’enfoncent dans le sol, prolongés par leur propre reflet. Sur les murs et sur les cimaises mobiles, le même tropisme propulse vers le bas d’autres rectangles peints qui, pareillement, trouvent une continuité virtuelle au-dessous d’eux.

Cécile Bart avait remarqué lors de sa première visite que la projection lumineuse des vasistas sur les murs venait se refléter sur le sol brillant, et que ce reflet en constituait comme un prolongement vertical. Elle a «augmenté» cet effet, l’a transformé en dispositif. Elle a procédé comme le ferait une chambre d’amplification, en dédoublant l’espace, en le peuplant et en l’habitant de formes spectrales, d’ombres et reflets incertains de rectangles peints, d’êtres géométriques simples et frustes, semi-transparents ou opaques selon qu’ils tombent des écrans ou des murs.

L’Hypothèse verticale, par l’utilisation qui est faite de figures que notre regard poursuit hors champ, prolonge une investigation entamée à l’Espace de l’Art Concret, à Mouans-Sartoux, en 2010, avec L’Hypothèse du fond perdu. Le même principe d’un jeu environnemental, jouant jusqu’au vertige du passage du mur à l’écran, de l’inversion du positif au négatif et des duplications en miroir, est à l’œuvre. Mais l’essentiel fonctionne cette fois dans ce rapport vertical, où chaque forme surplombe son reflet et vient s’y perdre dans sa chute.

Ce rapport au sol avait été joué dans la grande installation Suspens, en 2009, au Frac de Bourgogne, à Dijon, où les peintures/écrans suspendues en tout sens dans l’espace, venaient effleurer le sol, telles les marionnettes sautillantes et dansantes de Kleist. Suspens était vivement coloré, comme L’Hypothèse du fond perdu. L’Hypothèse verticale est tout en ombres et lumières. Désaturées, les couleurs y sont dans les bruns, les noirs chauds, les bleus et violets, les jaunes pâles et les gris clairs colorés. Des oppositions d’ombre et de lumière traduites en couleur. Des couleurs-valeurs. Une exposition en lumière naturelle, avec des couleurs entre chien et loup.

Dans la partie borgne de la grande salle, c’est une double projection de rectangles blancs qui «tombe» du mur à contre jour, et vient redoubler la danse fantomatique des formes peintes. Alors que Cécile Bart recherchait quelque peinture romantique propre à conforter son intuition première du reflet vertical — les sombres montagnes enneigées plongeant dans les eaux noires des lacs alpestres ne manquent certes pas — elle s’est d’abord souvenu de Die Toteninsel d’Arnold Böcklin, plus précisément d’une version où la masse abrupte de l’Île des morts se reflète dans les eaux nocturnes de l’imagination du peintre.

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