Laurent Proux
L’homme et la machine
Invité en résidence , Laurent Proux expose à Châteauroux l’ensemble du travail réalisé pendant cette période.
Laurent Proux développe une démarche picturale autour de la représentation de l’espace du travail. Les espaces d’activités du monde industriel sont le support de cette interrogation. D’une part, car ils renvoient aux mutations sociales et économiques qui traversent notre société et, de fait, interrogent la place de l’humain dans un tel arsenal. D’autre part, parce que ce sont des sujets peu communs dans la peinture. Laissés en friche, ils sont des espaces d’exploration propices aux questionnements picturaux.
Laurent Proux travaille sur des formats de toiles à l’échelle du corps. Il réduit par là , la distance entre le spectateur et le sujet de la représentation, un peu comme s’il identifiait le champ du tableau, à la portion d’espace assigné à l’agent, dans le contexte du travail en entreprise. Le «poste de travail» désigne les outils du métier, qui probablement, ne nous renseignent pas directement sur les gestes à accomplir, mais sur le lieu imparti au corps. D’une certaine façon, il assimile le spectateur à un agent du travail, lui offrant une entrée directe dans l’espace.
Ses peintures nous plongent dans un univers débordant de signes et de rythmes. Des fils, des grilles, des détails en tout genre saturent le regard d’informations, et donnent un sentiment d’hétérogénéité de l’espace. Des éléments visuels affirment la planéité du tableau, d’autres offrent une trouée dans la profondeur de l’espace, les points d’entrée sont multiples et favorisent un va-et-vient entre les codes de l’abstraction et ceux de la figuration. Un parti pris qui suscite un climat d’inquiétude, d’étrangeté.
A Châteauroux, Laurent Proux présente une succession de peintures qui développe le même sujet vu sous des angles différents. Il matérialise ainsi, au travers de chacune d’elles, une vision fragmentaire ou l’impossibilité de circonscrire un espace donné. Le dispositif de présentation des toiles vient renforcer cette idée, en invitant le spectateur à circuler dans la galerie et à reconstituer mentalement les différentes séquences du lieu.
Si nulle représentation n’est apte à se substituer à la richesse de la perception, Laurent Proux nous le signifie, et aménage les modalités d’une rencontre possible avec le réel.