Sylvain Rousseau, Stéphane Vigny et Bertrand Lamarche travaillent à partir d’objets communs.
Stéphane Vigny, qui est le plus proche du ready-made, présente Not Dead Disappeared (2009), un «mini-champ» de boîtes aux lettres inclinées dans diverses directions, Glory Hole, un taille-crayon posé au sol, et Chutes, des chutes de bois, de contreplaqué et d’aggloméré placées verticalement.
A Chutes répond Stack de Sylvain Rousseau, œuvre constituée aussi de planches, posées cette fois contre le mur. A Stack fait écho, formellement et plus lointainement aussi, Stripes (Moon, 1/09/09 # 4, #3, #2, # 1): trois peintures de bandes de couleurs d’Ann Craven.
Les deux autres œuvres de Sylvain Rousseau introduisent des détails troublants: la pierre tombale DCD porte une inscription mystérieuse, qui fait douter qu’il s’agisse du nom de la personne décédée, et le Bureau (de la certitude) est surmonté d’une lampe éteinte qui produit malgré tout un halo de lumière.
Bertrand Lamarche utilise un tourne-disque et un ampli pour matérialiser les ondes sonores: ce n’est pas le son (immatériel) du disque qui fait bouger la membrane du haut parleur mais le fil (matériel) qui la relie au bras du tourne-disque.
Les deux œuvres Sans titre de Vincent Mauger, qui sont des fabrications artificielles d’objets naturels, confrontent nature et art(ifice). La première œuvre modélise un rocher à l’aide de tendeurs métalliques, et la seconde reproduit un sol, gris et percé de trous dont la régularité n’a rien de naturel.
Emmanuelle Lainé poursuit son exploration du contenu et du contenant avec LO, un étui ouvert, attendant de recueillir un objet non-identifié en forme de L. A la manière de la combinaison pour créature étrange et tentaculaire intitulée Boptile présentée en 2007 à l’exposition «Enlarge your practice» à La Friche la Belle de Mai (Marseille), LO puise son grand pouvoir d’évocation entre la sculpture, le design et parfois la science-fiction.
Enfin, l’installation vidéo Sayre & Marcus de Neil Beloufa se présente dans un environnement minimal, comme un documentaire: un groupe de jeunes gens s’entretient à propos d’une intrigue policière.
Neil Beloufa tient à préciser que «les éclairages, images de synthèse, effets sonores, matériaux synthétiques ou autres artifices sont visibles et trahis». Ce principe de création permettant de penser que la vidéo met en abîme son travail: les ficelles de l’intrigue sont dévoilées par les personnages qui les décortiquent, de même que Neil Beloufa laisse apparents ses procédés artistiques.
Sans problématique énoncée, l’exposition apparaît néanmoins comme une somme de stratégies de transformation de l’objet en œuvre: en actualisant (Stéphane Vigny) ou en détournant la pratique du ready-made (Sylvain Rousseau), par association (Bertrand Lamarche), par déformation d’un objet commun (Emmanuelle Lainé) ou par décortication (Neil Beloufa). Vincent Mauger, quant à lui, répond à ces derniers en faisant de ses œuvres des illusions d’objets, en un processus renversé.
Stéphane Vigny
— Chutes, 2008. Chutes de bois, contreplaqué, agglomérée. Dimensions variables.
— Glory Hole, 2008. Taille crayon. 2.5 x 1.5 cm.
— Not Dead Disappeared, 2009. Objets modifiés. 30 x 140 x 40 cm.
Sylvain Rousseau
— DCD, 2009. Dorure sur granit. 75,5 x 113,5 x 4 cm.
— Stack, 2009. Bois, agglomérée. Dimensions variables.
— Bureau (de la certitude), 2009. Bois, agglomérée, métal.
Bertrand Lamarche
— Lobby (hypertore), 2003. 47 x 54 x 12 cm.
— Sans-titre, 2008. Amplificateur, tourne disque, vynile, enceinte, fil. Dimensions variables.
Vincent Mauger
— Sans-titre, 2009. Polystyrène. 260 x 186 x 26cm.
— Sans-titre, 2008. Sculpture, tendeurs métalliques, écrous, vis, anneaux, polystyrène. 70 x 60 x 70cm.
Ann Craven
— Stripes (Moon, 1/09/09 # 4, #3, #2, # 1), 2009. Huile sur toile. 46 x 61cm.
Emmanuelle Lainé
— LO, 2009. Bois, médium, métal. 154 x 70 x 24 cm.
Neil Beloufa
— Sayre & Marcus, 2009. Bois, aggloméré, peinture chroma-key, projection vidéo. Dimensions variables.