Présentation
Jean-Marc Adolphe
L’Histoire au présent
Extrait de l’éditorial, par Jean-Marc Adolphe (p.13)
Le terrible tsunami qui a dévasté l’Asie du Sud-Est et le Sri Lanka, en décembre 2004, a causé plus de 300 000 morts, mais les animaux ont mystérieusement été épargnés. A Khao Lak, en Thaïlande, des éléphants avaient même sauvé leurs cornacs et un groupe de touristes japonais en fuyant vers des collines avant le déferlement du raz-de-marée. Le fameux «sixième sens» des animaux serait en réalité lié à un spectre de perceptions que nous autres, pauvres humains, n’avons pas. Modes de communication infrasonores pour les éléphants, vibrations au sol ressenties par les chats ou les lapins, variations du champ magnétique perçues par les oiseaux migrateurs ou les abeilles, prouvent que notre appareillage sensoriel est loin d’être complet. Même nos instruments de mesure sont imparfaits: personne n’avait vu venir cet autre tsunami, qui a frappé le Japon en mars dernier.
Il y a, dans un tel événement, quelque chose d’imprévisible, bien qu’il se soit déjà produit dans un lointain passé, ce dont témoignent d’anciennes stèles indiquant le niveau en deçà duquel ne pas construire d’habitations… La catastrophe nucléaire de Fukushima, elle, était prévisible et elle ne sera hélas pas la dernière. Si de tels événements viennent submerger le présent, c’est que le monde visible — que nous pensons appréhender, quantifier, mesurer — dissimule dans ses entrailles des mouvements cachés. L’apparente stabilité des sols masque, sous la croûte terrestre, au fond des océans, en des endroits que nous ne pouvons atteindre, de puissants craquements.
SOMMAIRE
— La tectonique des plaques, par Jean-Marc Adolphe
— Le cours des choses
— Matières vives
— La grande lessiveuse
— Passion noire
— Un printemps à Saigon
— Entre sciences et croyances
— Le paradis maintenant
— Figures d’outre-corps
— La césure d’un post-rock
— Partition pour une transe
— L’art des silences
— L’Histoire au présent
— Une épopée bolivarienne