Après dix années de tergiversations, la justice a enfin donné raison aux experts de l’art contemporain. Stéphanie Trembley, Marie-Laure Bernadac et Henry-Claude Cousseau — les organisateurs de l’exposition «Présumés innocents» qui s’est tenue au CAPC de Bordeaux en 2000 — ont été blanchis de tout soupçon. Le 2 mars 2011, la cour de cassation a rendu son verdict, en rejetant le pourvoi de l’association bégueule «La Mouette» qui les accusait de diffuser des images à caractère pornographique et pédophile. Aucun procès ne sera donc entamé contre les commissaires.
Pour l’avocate d’Henry-Claude Cousseau, «C’est une défaite salutaire des ligues de vertu, qui avaient malheureusement trouvé un écho auprès d’un juge d’instruction et qui ont tenté d’imposer leur vision névrotique de la sexualité à une société dans son ensemble, en assimilant art et pornographie. La plus haute autorité judiciaire s’est exprimée, on connait à présent le droit» (Le Monde, 3 mars 2011).
Rappelons que cette polémique avait servi d’exemple dans l’affaire de l’exposition Larry Clark, organisée par le Musée d’art moderne en 2010. La Mairie de Paris avait préféré en interdire l’accès aux mineurs, plutôt que de prendre le risque d’une poursuite judiciaire.
L’auto-censure est aujourd’hui chose courante dans les expositions officielles où les thèmes soit-disant «délicats», comme la sexualité des enfants, sont traités avec des pincettes.
Lire sur paris-art.com:
— Une interview de Marie-Laure Bernadac
— Un texte sur l’affaire Larry Clark