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Lettres de nulle part

Lettres écrites entre 1994 et 1995 pour le Journal du paysan. Digressions sur : la Lituanie et les Lituaniens, les artistes Ciurlionis et Orvidas, la société moderne, le fondateur de Fluxus, George Maciunas, etc. Un recueil de pensées intimes qui, lues à haute voix, pourraient devenir la bande sonore d’un de ses magnifiques journaux filmés.

— Éditeur : Paris Expérimental, Paris
— Année : 2003
— Format : 14 x 21 cm
— Illustrations : quelques, en noir et blanc
— Pages : 194
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-912539-19-6
— Prix : 23 €

Présentation
par Algimantas Antanas Naujokaitis (extrait, p. 8)

Les Lettres de nulle part écrites entre 1994 et 1995 pour le Journal du paysan marquent le retour de Mékas en Lituanie à « une époque dangereuse pour l’âme et le corps / le ciel et la terre » comme il l’a écrit dans son poème Parvaziavus (De retour). Ces lettres sont une suite de réflexions et de remarques sur la société contemporaine et la civilisation, sur la terre et l’être humain, sur notre langue et sa sauvegarde, sur le monde et la Lituanie. Enfin, ces Lettres de nulle part sont des instantanés couchés sur le papier par l’auteur, les éclairs de sa pensée enrichissant notre Paradis oublié, perdu, et qui sait, peut-être même non pressenti. Dans ces Lettres de nulle part Mekas se penche de manière très personnelle sur les phénomènes culturels tant lituaniens que mondiaux. Il est le premier à avoir écrit de manière approfondie et authentique sur George Maciunas et les dernières années de sa vie, à avoir porté un regard neuf sur l’œuvre de M.K. Ciurlionis et après s’être rendu à la ferme de Vilius Orvidas, située près de Salantai, à l’avoir comparé à Rodin et Brancusi.

Pourquoi Mekas a-t-il précisément écrit ces Lettres de nulle part pour un journal simple destiné aux gens des villages ? Tout d’abord, comme le signale Mekas, personne d’autre n’a souhaité ses écrits et, de plus, il n’a pas l’habitude de proposer de lui-même. Mékas a également souligné l’autre face du problème. Pendant l’été 1995, lors de la conférence de presse organisée à l’occasion de la projection de ses films d’avant-garde qu’il avait apportés, un journaliste d’une publication intellectuelle a voulu savoir pourquoi il écrivait non pour une telle revue, mais, au contraire, pour un journal destiné aux campagnes. Mekas, emporté, a répliqué : « Je m’étonne que vous n’ayez pas encore compris que la campagne, c’est aussi la culture. » D’un autre côté, tant lors de conversations privées que dans les Lettres de nulle part, Mekas affirme toujours avec une certaine fierté : « Je suis fils de paysan. J’ai grandi à la campagne, mais comme vous pouvez le constater, je ne suis pas complètement stupide, vous ne me ferez pas avaler n’importé quoi. Dans les villes, il y a trop de ciment et de chaussures, de souliers. La culture est dans les pieds nus. La culture est dans l’ambre froid perlant au petit matin. Et dans l’ébrouement des chevaux. N’oublions pas nos chevaux ! »

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Paris Expérimental)

L’auteur et artiste
Jonas Mekas est né en 1922 en Lituanie. Exilé aux Etats-Unis à partir de 1944, il se met à écrire sur le cinéma dès les années 1950 et fonde la revue Film Culture. En 1958, il commence à tenir la chronique « Ciné-Journal » du Village Voice. Son engagement grandissant clans les années 1950 et 1960 en faveur du cinéma indépendant et d’avant-garde va le conduire à être au centre de la création à New York de la Film-Makers’ Coopérative, coopérative de cinéastes indépendants et d’Anthology Film Archives, cinémathèque consacrée au cinéma d’avant-garde. Inventeur du « film-joumal », il commence à filmer dès son arrivée aux États-Unis et a actuellement à son actif une quarantaine d’heures de films qui constituent une fresque irremplaçable du milieu culturel new-yorkais. Poète, il a publié plusieurs recueils de poésies en lituanien et en anglais.
L’auteur
Algimantas Antanas Naujokaitis, né en 1932 en Lituanie, est critique littéraire et journaliste. Il a très longtemps travaillé à la rédaction du Journal du paysan pour lequel il propose, en 1994, à Jonas Mekas, d’écrire ces Lettres de nulle part. Il se consacre depuis à la publication des œuvres de Mekas en Lituanie.

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