Vincent Thomasset, Julien Prévieux
Lettres de non-motivation
Dans un contexte où beaucoup peinent à trouver du travail, les Lettres de non-motivation — portées à la scène pour la toute première fois — s’affichent, de manière ludique et cocasse, comme un pied de nez face aux longs débats sur le chômage qui agitent notre société actuelle.
Cette nouvelle création de Vincent Thomasset s’appuie sur le travail de l’artiste plasticien Julien Prévieux qui, de 2000 à 2007, a répondu à des annonces de recrutement de diverses entreprises, en soulignant de manière appuyée son absence de motivation pour les emplois proposés. Ironisant sur le décalage entre les qualités requises demandées par les employeurs et la réalité des postes à pourvoir, ou montrant son désintérêt total pour les entreprises qui louent leurs mérites parfois plus que de raison, Julien Prévieux a alors adressé des lettres de non-candidature argumentées en fonction de chaque destinataire afin de justifier son refus.
Ces lettres, il les a regroupées dans un ouvrage, Lettres de non motivation. Mais comment faire entendre sur scène des lettres, supports rédigés avant tout pour être lus? En s’entourant de cinq comédiens, Vincent Thomasset s’empare de cette correspondance afin d’interroger sa rencontre avec le plateau.
Les spectateurs auront alors le loisir d’«entendre ensemble», mais aussi de «lire ensemble». Car en choisissant de mettre en scène le genre épistolaire, habituellement caractérisé par une situation d’énonciation à deux voix et une lecture intime et personnelle, c’est toute la question de la réception de ces lettres qui est posée au spectateur, réception non plus individuelle mais publique et collective.
Si elles «n’ont pas été écrites pour la scène, ces lettres portent toutefois en elles tout ce qui fait théâtre». L’auteur ayant emprunté une multitude d’habits littéraires et stylistiques, ces courriers donnent à lire et à entendre un travail conséquent sur la langue. Qu’elles relèvent d’un langage châtié, ou au contraire populaire, d’un jargon informatique ou d’un dialecte imaginaire, qu’elles prennent la forme de discours politiques, de textes narratifs ou encore de pamphlets, toutes ces lettres ont pour but, au-delà de dénoncer les qualités idéales réclamées par les entreprises, de proposer une réflexion langagière et humoristique se jouant des relations employés/employeurs, mais aussi émetteurs/récepteurs, promettant un moment à la fois hilarant et désopilant.