Présentation
Loïc Fel
L’Esthétique verte. De la représentation à la présentation de la nature
L’histoire de notre relation à la nature suit l’évolution de ses modes de représentation par les sciences et les arts. Le changement des codes de cette représentation jalonne ainsi les progrès de notre compréhension du monde, depuis la maîtrise de la perspective et la naissance des sciences naturelles jusqu’aux avancées de la biologie et l’accès à l’infini petit. Cette appréhension de la nature est aujourd’hui mise à mal.
Les insuffisances de la représentation sont telles que des crises environnementales majeures n’ont pas été anticipées: le changement climatique et l’érosion de la biodiversité, aux multiples conséquences en chaîne, échappent à nos représentaions culturelles communes.
Prenant justement en compte les relations entre les objets qui composent la nature pour comprendre ces crises de type systémique, l’écologie s’est détachées d’une représentation de la nature, une description de la nature, au profit d’une présentation qui explicite son fonctionnement.
Cette nouvelle approche a largement inspiré des figures esthétiques nouvelles. Artistes, urbanistes ou designers relient maintenant esthétique et écologie par des réalisations concrètes: coulées vertes, installations éphémères en matériaux naturels, esthétisation directe des objets et des vivants, oeuvres in situ dans les espaces naturels, etc.
Rassemblées sous la notion d’esthétique verte, ces expériences se rattachent au champ du savoir, de la technique et de l’aménagement du territoire. L’esthétique n’est donc plus décorellée de notre rapport quotidien au monde et elle traduit autant qu’elle accompagne le changement culturel en cours, celui de l’écologie. Il ne s’agit plus de représenter mais d’interagir, de présenter la nature et par-delà de se réconcilier avec elle.