L’exposition « L’esprit français – Contre-cultures, 1969-1989 » à La maison rouge tente de cerner une potentielle identité culturelle française en sondant période post-1968 et des œuvres issues de domaines artistiques et intellectuels très variés : arts plastiques, illustration, bande dessinée, musique, littérature, philosophie, théâtre, cinéma et vidéo.
Comment s’est construit « l’esprit français » ?
L’exposition est née de recherches menées par les commissaires Guillaume Désanges et François Piron autour de ce que peut être l’ « esprit français ». C’est en se penchant sur la période qui suit mai 68 et sur les pensées irriguant alors les contre-cultures avant d’infuser dans le reste de la société que les commissaires ont pu analyser la construction de l’ « esprit français », un mélange de sens critique, de contestation et d’irrévérence. C’est cette construction que retrace l’exposition.
Le parcours s’organise en chapitres thématiques comme le sabotage de l’identité nationale, les contre-éducations ou encore l’influence de l’œuvre du Marquis de Sade sur certaines actions radicales. La sexualité, le dandysme, le militantisme ou encore le multiculturalisme forment quant à eux des fils rouges qui traversent l’ensemble de l’exposition.
Des livres de Félix Guattari aux chansons de Serge Gainsbourg
Le champ des idées est notamment exploré à travers les œuvres de Félix Guattari et Guy Hocquenghem qui s’inscrivent tous deux à leur manière dans les mouvements intellectuels d’émancipation qui émergèrent dans les années 1960, autant sur les plans politiques que sociaux, psychologiques ou sexuels. Ces idées progressistes qui prirent un caractère militant, alors que le corps social et politique de la France se refusait à suivre ses élans, s’incarnèrent également dans le champ des arts plastiques comme en témoignent de nombreuses œuvres.
Dans son tableau intitulé L’Intervention de l’armée est demandée, réalisé en 1969, Alfred Courmes mêle avec une certaine insolence des militaires en costumes, des corps nus et un nourrisson. Il illustre par un diptyque une situation en deux temps : dans le premier volet, l’armée est demandée, dans le second, elle « refuse d’intervenir ». L’œuvre reflète le climat antimilitariste de l’époque. Plusieurs œuvres de Michel Journiac comme Hommage au Putain Inconnu et La Strip-teaseuse témoignent du caractère subversif de l’art corporel qu’il développa.
L’exposition balaye également les domaines de la bande dessinée et de l’illustration avec des œuvres de Roland Topor, Pascal Doury, Olivia Clavel et Kiki Picasso, du théâtre avec celles de Copi et Jean-Christophe Averty, du cinéma avec Carole Roussopoulos ou encore de la musique avec notamment les réalisations de Serge Gainsbourg, de Marie France et du groupe Bérurier Noir.