Marina Abramović, Esther Ferrer, Sigalit Landau, Gina Pane, Jo Spence, Yvonne Trapp, Su-Mei Tse
L’Esprit est un muscle
L’esprit est un muscle selon Yvonne Rainer, célèbre chorégraphe américaine et peut donc s’exercer à tous les endroits de la critique institutionnelle.
Aussi, le Musée Géo-Charles en collaboration avec le Fonds régional d’art contemporain de Lorraine propose d’engager un débat autour de la performance et des formes vivantes dans l’espace d’exposition.
Depuis plus de dix ans, le Frac Lorraine à Metz, tente d’interroger les limites d’une collection d’art contemporain. En proposant l’acquisition d’oeuvres protocolaires et performatives, cette collection tente de revendiquer le peu de place laissée aux pratiques éphémères souvent conjuguées au féminin dans les collections et le primat des objets comme valeur d’échange.
La performance –qui provient de l’anglais «to perform», «interpréter, exécuter»–, s’entend comme une manifestation artistique dans laquelle le geste a une valeur artistique et esthétique intrinsèque. C’est une action inscrite dans une durée, qui suit un protocole ou un scénario élaboré par l’artiste (mais qui peut également improviser) et qui est souvent réalisée en public.
Le terme est vraiment attesté par les critiques d’art au début des années 1970. La performance présente ainsi une alternative importante en regard de l’attitude contemplative devant une oeuvre figée, finie, souvent objet, et exposée dans un certain contexte.
La performance n’est pourtant pas une curiosité: si elle est entrée relativement tard dans les arts visuels, elle est contenue de façon originelle dans la musique, la danse et le théâtre. Et pour cause, la performance en art fait souvent se confronter différentes disciplines artistiques car elle impose le corps comme centre de l’action.
La performance est devenue le lieu privilégié de dialogue entre les arts, tendance marquante de la création de ces quinze dernières années, et que la collection du Frac Lorraine cherche à mettre en relief.
Les actions de Marina Abramović, Gina Pane, Esther Ferrer ou Sigalit Laudau s’inscrivent à diverses époques dans une volonté de renouveler et de repenser le geste artistique à l’aune de tous ses possibles.
L’idée d’une réduction essentielle de l’oeuvre à son processus et à son temps d’exécution rend la présence effective du spectateur nécessaire, bien que la captation vidéo permette de revivre le moment de l’action indéfiniment.
La proposition d’exposer au sein du Musée Géo Charles, une partie de cette collection liée à la performance revêt une résonance particulière.
Souvent associées à l’art corporel, ces «actions symboliques» poussent souvent les limites de ce corps. Nous sommes loin de la glorification du corps auquel on associe le sport. Le corps est prétexte à sévices, à automutilations et autres traitements de choc (Gina Pane, Esther Ferrer, Sigalit Landau, Marina Abramović, Su-Mei Tse).
Enfin et surtout, la question du corps est en rebond la question du genre (Yvonne Trapp, Jo Spence).