Communiqué de presse
François Morellet
L’Esprit d’escalier
Aile Richelieu, Escalier Lefuel
L’inscription permanente d’une oeuvre du XXIe siècle dans le décor et l’architecture du palais est sans doute la plus visible manifestation de l’engagement du Louvre vis-à -vis des artistes vivants.
Deux ans après la peinture monumentale Athanor et les deux sculptures d’Anselm Kiefer, qui ont pris place dans l’escalier conçu par les architectes Percier et Fontaine, le musée du Louvre fait appel à François Morellet. L’artiste s’est vu confier les vitraux de l’escalier Lefuel, qui relie trois départements du Louvre: les sculptures, les peintures des Ecoles du Nord et les objets d’art.
Artiste incontournable de la scène non seulement française mais aussi internationale, François Morellet est depuis les années cinquante un adepte de l’abstraction, maniant aussi bien la ligne que le verbe, avec des jeux de mots et d’esprit indissociables de ses créations visuelles. Il est déjà l’auteur en France de plusieurs commandes publiques, dont une célèbre à la Défense (La Défonce, 1991) et une autre plus discrète dans le jardin des Tuileries (Arcs de cercle complémentaires, 1999).
L’escalier, appelé aujourd’hui «Lefuel» du nom de l’architecte qui en est l’auteur, est l’un des meilleurs exemples de l’architecture du XIXe siècle. Il fut édifié entre 1852 et 1858 dans l’aile nord des bâtiments du Nouveau Louvre, appelée désormais l’aile Richelieu.
Cet escalier monumental avec ses doubles volées de marches est entièrement construit en pierre blanche, richement décoré de sculptures et éclairé par de multiples baies, donnant à la fois sur l’extérieur et sur l’intérieur du musée. La luminosité du lieu est saisissante. Avec légèreté et élégance, François Morellet redessine les baies et oculi de ces vitraux et intitule son oeuvre L’Esprit d’escalier.
Dans cette oeuvre, l’artiste «s’amuse à fragmenter et déstabiliser ces vitrages aux ferrailles un peu frustes, en les confrontant à leur propre image réalisée grâce à une technique ancienne et précieuse des maîtres verriers». Il s’agit du dessin inversé de la grille existante qui se superpose et se mélange à l’ancien découpage.
Ce procédé de grilles géométriques superposées, du report de l’existant décalé, est une caractéristique de toute la démarche de François Morellet. Ce décor résume toutes les qualités artistiques de l’artiste: la parfaite adéquation au programme architectural et à la commande, la justesse et l’équilibre de l’intervention, la subtilité du motif formel, les jeux de l’esprit, la clarté et l’intelligence visuelle.