ÉCHOS
12 Jan 2010

L’Espagne inaugure l’œuvre d’art de sa Présidence européenne

PMarie Bertin
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C’est une installation vidéo de Daniel Canogar intitulée Travesias qui est désormais exposée devant le bâtiment du Conseil de l’Union européenne. D’après l’artiste, il s’agit d’«une métaphore des profonds changements que l’Union a traversés ces dernières années».

Pour célébrer une nouvelle Présidence européenne, il est désormais de coutume d’inaugurer une œuvre d’art. L’Europe devient ainsi le sujet d’un travail commandé par le pays nouvellement en charge de la présidence à un artiste de sa nationalité. Janvier 2010 marque l’arrivée de l’Espagne à la tête du Conseil et consacre l’œuvre Travesias de Daniel Canogar.
Si Daniel Canogar voit dans son œuvre une métaphore du passé, le ministre de la Culture espagnol, Ángeles González-Sinde, y voit plutôt «le symbole du mouvement perpétuel» que son pays voudrait donner à la politique culturelle de l’Union europénne.

Travesias est une installation vidéo. Un écran flexible de 33 mètres de long est déployé à la façon d’un ruban et suspendu au plafond de l’atrium du bâtiment du Conseil, connu sous le nom de Justus Lipsius.
La structure massive de l’œuvre est composée de diodes lumineuses. La vidéo montre des hommes, des femmes et des enfants vacant à diverses activités. Certains marchent simplement, d’autres grimpent sur un tapis électrique, nettoient ou encore récupèrent des bagages.

Daniel Canogar fait ainsi clairement allusion à la période charnière que traverse l’Union, aux transitions qu’elle doit actuellement assumer avec l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Mais s’il se soucie du sujet politique, il tient à éviter soigneusement la polémique, et se garde diplomatiquement de faire référence aux symboles nationaux.

Daniel Canogar respecte d’autant plus les limites imposées par la diplomatie que son prédécesseur tchèque avait adopté une position opposée, et déclenché une vive polémique.
En janvier 2009, à l’occasion de la présidence tchèque, David Cerny avait fait scandale avec Entropa, une œuvre caricaturant les 27 pays de l’Union.
La Bulgarie, par exemple, était symbolisée par des toilettes à la turque, l’Italie n’était rien qu’un terrain de football sur lequel des joueurs semblaient se masturber, l’Allemagne, un territoire recouvert d’autoroutes en forme de croix gammée, et la France… affublée d’un panneau de manifestant marqué de la seule injonction: «Grève!».
Le débat avait été très vif parmi les membres de la classe politique européenne, prêts à accueillir l’art contemporain, mais visiblement pas à n’importe quel prix politique…

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