DANSE | SPECTACLE

Atomic 3001

03 Avr - 04 Avr 2018

Solo chorégraphique composé à trois, Atomic 3001, de la chorégraphe et danseuse Leslie Mannès, va puiser sa réalité dans l'épuisement. Sur une Acid Techno maîtrisée (de Sitoïd), et dans une lumière acérée (de Vincent Lemaître), Leslie Mannès déploie un étrange rituel, mi-guerrier, mi-futuriste.

Un espace vide, presque plongé dans l’obscurité. Au centre, dans la lumière aiguë, une femme, en rouge de la tête aux pieds. Elle est plantée dans l’espace. La musique s’impose. Une techno à la pulsation profonde, rapide, régulière. Juste comme un cÅ“ur qui bat vite. Une mise sous tension. La forme humaine commence alors à danser. Pantalon rouge, pull ample… Sa tenue est simplement rouge vif. Comme une flamme, elle déploie ses mouvements, consomme son énergie. Performance chorégraphique solo, Atomic 3001 est ainsi le fruit d’un trio créatif. La conjonction entre les énergies de la chorégraphe et danseuse Leslie Mannès, la techno pulsée de Thomas Turine (alias Sitoïd) et le travail de lumière de Vincent Lemaître. Une symbiose à trois, pour former un rituel futuriste. Décontextualisé, Atomic 3001 existe alors par sa propre pulsation. L’interprète réagit, bouge et danse au rythme d’un battement perpétuel. Une Acid Techno posée et minimaliste.

Atomic 3001, de Leslie Mannès, Sitoïd et Vincent Lemaître

Travail de synchronisation, Atomic 3001 fonctionne alors comme une montée. Une inexorable plongée dans le rythme. Avec une tension maximale, la concentration s’opère sur la réalité du mouvement de Leslie Mannès, dans la lumière de Vincent Lemaître. Enveloppante, la musique de Sitoïd transforme l’espace de représentation en mécanique organique. Est-ce un cÅ“ur, seul, sur scène, qui pulse ? Comme une longue et lointaine sirène, la composition musicale esquive toute coloration émotionnelle. Ni gaie, ni triste, ni enthousiaste, ni désespéré… C’est un rythme, sans message autre que celui d’exister dans l’instant, de modeler l’instant. Musique amnésique, elle agit comme un pacemaker : elle entraine le mouvement. Et dans cette texture du présent, la danse de Leslie Mannès se rapproche aussi de la transe. Entre hypnose incandescente et rituel guerrier, elle flambe. La concentration est maximale : la connexion avec le présent est complète.

Une danse pulsatile, pour un rituel performatif et guerrier

Si Atomic 3001 se projette dans un futur, c’est plutôt celui d’un perpétuel immédiat. Parce que dans cette danse, dans cette musique et dans cette lumière pulsée : il n’y a pas d’histoire. La trame narrative se déroule en temps réel, produit le réel. Au rythme d’une musique envahissant les corps. Au fur et à mesure de la plongée (ou de la montée), la pulsation du son prend ainsi le relais de celle du sang. Dans cette agitation, Leslie Mannès est-elle une pile atomique — un empilement de matériaux énergétiques ? Danse-t-elle dans un monde post-apocalyptique, ou du passé et de l’avenir aurait été fait table rase ? Le son lui impulse des mouvements aussi martiaux que répétitifs. La confine à l’épuisement comme au dépassement. Pour un solo aux accents performatifs : elle danse, elle vit.

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