Communiqué de presse
Gilles Berquet
Les voyeurs modernes
… « Chez Berquet, à la différence de chez Serrano, le portrait est anonyme. Si le sujet photographié s’offre comme modèle universel plus que comme personne désignée, sa pose devant l’appareil photographique s’accompagne en revanche d’un exercice physique toujours absolument singulier, de l’ordre de la mise à l’épreuve sinon de la torture.
Tel modèle, ainsi, sera soumis à un bondage sophistiqué avant d’être offert à l’oeil indiscret de l’appareil photographique. Perché sur de hauts talons aiguilles, tel autre en bas et jarretelles voit le haut de son corps enfermé dans une malle. Tel autre est entravé pieds et mains par des liens et suspendu au plafond, ou maintenu au sol jambes comprimées dans une boîte.
Sans détour, l’image de la femme que crée Berquet entend susciter le voyeurisme.
… de quel corps au juste est-il question ?, — du corps comme sexe ou comme texte ?, du corps comme chair ou comme image ?, du corps comme matière maîtrisée ou comme substance irrémédiablement énigmatique, tirée sans trêve du côté du secret ?
Parfois, devant un Berquet, on songe à la superbe Bacchante endormie de Fragonard : corps posé là , dans le monde, et qui dort, et qui est occupé tout entier à son rêve,
capturant qui le regarde sans plus livrer son être. Comme à dire : le corps, toujours plus complexe qu’il n’y paraît. » …
Paul Ardenne, Figures de la sexualité dans l’art des années quatre-vingt dix (extraits)