Communiqué de presse
Valérie Malek
Les voyages de Mnémosyne
Une grand-mère drôle et philosophe, toujours de bonne humeur quelque soit les évènements. Une grand-mère universelle, celle de Valérie Malek. Filmée chaque vendredi pendant cinq ans par l’artiste, elle retrace le récit d’une vie marquée par l’exil de l’Algérie, l’héritage et la rupture culturels, la quête d’une identité, et les petites histoires de famille comme on en connaît tous : un récit épuré qui est avant tout l’enregistrement d’une mémoire, de ses résurgences, de ses caprices…
Des images d’archives en Super 8 enregistrées en Algérie en 1962 par le père de la vidéaste, évoquant la colonisation. Récupérées et remontées dans une esthétique hypnotique proche du cinéma expérimental, elles composent un nouveau film qui tente d’exhumer une mémoire enfermée dans «une boîte noire» faite de béances, chargée de silence… Les itinéraires de l’artiste dans la ville ré-écrivent avec une suite d’images fixes un récit intime, introspectif, sans émotion in emphase…
Son vagabondage visuel sur la plage d’Amman observe des jordaniennes se baignant voilées aux côtés de femmes libres en bikini : un choc culturel, sans parti pris idéologique, pour interroger la féminité. Et puis une mise en image picturale des grands ciels du port de Liverpool et un trajet en bus invitent à se souvenir des migrants. Portraits, récits, parcours, l’exposition de vidéos de Valérie Malek «Les voyages de Mnémosyne», en hommage à la déesse grecque de la mémoire, envisage l’influence des jeux de la mémoire sur le récit. Une approche exempte de nostalgie pour cerner une forme d’errance et tenter en vain de retracer un parcours linéaire.
Cette exposition convie aussi à s’intéresser à la manière de dire autrement un récit en images, à la lisière de l’art vidéo et du document et comment le choix des images, fixes, en mouvement, ou issues d’archives, ainsi que leur montage, sont en cohérence avec le sens. La conjugaison de ces images graphiques et picturales à la musique qui vient les sculpter, compose des oeuvres bel et bien plastiques, préoccupation capitale dans l’art de Valérie Malek.