Les Vestibules

L’exposition « Les Vestibules » de Vanessa Notley à la galerie AL/MA de Montpellier rassemble des dessins de 2015 et une série de sculptures réalisées en 2016.

Les Vestibules : des sculptures entre le monde entre nous

Le titre de l’exposition, « Les Vestibules », renvoie au terme « vestibule » dans ses multiples significations. S’il désigne en architecture une pièce ou un passage qui permet d’accéder à un espace intérieur, le vestibule est aussi dans le domaine de l’anatomie, la partie centrale et creuse de l’oreille interne. Dans les deux acceptions, il représente une zone tampon entre le monde extérieur et le monde intérieur, une antichambre qui joue un rôle de filtre.

Les sculptures de Vanessa Notley explorent les espaces et instruments qui remplissent la fonction de vestibules entre nous et le monde extérieur. L’œuvre intitulée Les anglaises, est composée d’un cône en acier dans lequel sont piqués des fils de cuivre entortillés de telle façon qu’ils ressemblent, du côté intérieur du cône à des boucles de cheveux, des « anglaises ». Sur la face externe du cône, les fils sont noués et aplatis. Pour la sculpture Hairy Mary, le même type de cône est cette fois garni de fils de cuivre dont les extrémités jaillissent de son côté extérieur, en un tapis de longs poils. Comme les autres sculptures intitulées I wont et Golnâz, ces « vestibules » symbolisent un réceptacle destiné à tamiser les données parvenant de l’extérieur.

Des objets ouverts à la narration

Les sculptures imposent une matérialité et des formes précises. L’utilisation de l’acier noir favorise des lignes nettes et claires, grâce à des manipulations simples, coupe, soudure et pliage. Les fils de cuivre permettent quant à eux de multiples traitements : ils peuvent être raides, entortillés, tordus ou disposés en pagaille tels des cheveux ébouriffés. Ces matières confèrent aux œuvres une nature d’objets ouverts à la narration, l’interprétation et à l’humour.

A travers ces œuvres de Vanessa Notley s’illustre la question de notre rapport aux autres à travers l’ouïe. Comme les cornets acoustiques, ces instruments auditifs aux formes souvent extravagantes qui aux 18ème et 19ème siècles aidaient les malentendants, les sculptures incarnent à la fois un lien et un obstacle entre celui qui écoute et les sons extérieurs. Ils posent la question des moyens que l’on se donne pour entrer en contact avec les autres, de notre rôle actif dans la réception de leurs mots. Ce rôle actif consiste à opérer un tri entre ce que l’on souhaite écouter et ce que l’on accepte d’entendre. Les sculptures incarnent ce choix que l’on fait d’écouter ou non et de filtrer les mots qui nous déplaisent ou nous indiffèrent.