Après le sac plastique, Gabrielle Wambaugh s’attache à un autre objet de notre quotidien: le pneu. Dès l’entrée de la galerie, nous voilà arrêtés dans notre élan par des piles de pneus accumulés les uns sur les autres. Ils sont noirs, usés et sales par endroits. Posés à plats, ils affichent le dessin de leur tranche qui traduit un type d’adhérence à la route : pneus de voiture, de camion, de motocross… Leur superposition met en évidence les motifs et les volumes, laissant apparaître la beauté de la chose commune.
Au détour de ce barrage massif, on découvre des pneus encore, mais cette fois-ci éparpillés, déposés à même le sol et de petite taille. En s’approchant, la surface dure et lisse de l’objet apparaît, la froideur d’une sculpture en céramique peinte contraste avec la surface molle et chaude du caoutchouc. Le point de départ de la démarche de l’artiste est formel, elle reproduit un élément du réel tout en détournant sa forme utilitaire pour lui ajouter une valeur plastique.
Dans les œuvres Concave et Convexe, par exemple, Gabrielle Wambaugh introduit au centre du pneu une pièce de plastique à la surface réfléchissante – à l’image d’une jante aluminium – dans laquelle le spectateur distingue son reflet en pied déformé. La référence à l’objet devient alors secondaire pour éveiller dans le regard des sensations purement esthétiques, un jeu des formes et des matières.
De la même manière, la terre sculptée joue de l’effet trompe-l’œil avec ce tas de chips d’emballage blanc formant un monticule sur le sol. Et voilà que le polystyrène s’est transformé en biscuit manufacturé à Sèvres, où l’artiste est en résidence depuis deux ans. Gagnant en lourdeur, ces petits chips gardent pourtant l’attrait de la légèreté par leur blancheur immaculée et leur accumulation aléatoire.
Aux murs, quelques branches en céramique teinte en mauve clair sont pendues par des sangles de caoutchouc couleur lie-de-vin. Elles ressemblent à des insectes, des êtres fragiles, comme évanouis. Gabrielle Wambaugh les construit à base de petits morceaux de céramique qu’elle assemble avec des gaines transparentes en plastique. Ici, la ligne et la légèreté contrastent avec la masse, le plein et le rond des pneus.
Le travail de Gabrielle Wambaugh s’articule autour d’un interrogation des matériaux. Elle change le plastique en terre, le pneu ou le chips de polystyrène en céramique, elle assemble les morceaux de branche en terre cuite par des bouts de plastique. Alliant techniques traditionnelles et modernité, ces deux matériaux omniprésents dans notre société donnent corps à des sculptures qui prennent place dans le monde d’aujourd’hui.
Gabrielle Wambaugh
— Branchette, 2007. Céramique teinte et plastique. 36,5 x 14,5 x 6 cm.
— Branche W, 2007. Céramique teinte et plastique. 1005 x 62 x 4 cm.
— Branche Y, 2007. Céramique teinte et plastique. 72 x 28 x 13 cm.
— Branche Z, 2007. Céramique teinte et plastique. 65 x 60 x 5 cm.
— Concave, 2007. Céramique émaillée et plastique. 40 x 24 cm.
— Convexe, 2007. Céramique émaillée et plastique. 39 x 26,5 cm.
— Cui cui, 2007. Céramique et pneus. 42 x 10 cm.
— Sans Titre, 2007. Tirage numérique sur photo Kodak. 32 x 28 cm.
— Empreinte, 2007. Céramique teinte. 25 x 23 x 9 cm.
— Boulette, 2007. Céramique émaillée et peinte, caoutchouc. 42 x 35 cm.
— Cailloux, choux, Genoux .2007. Céramique. 16 x 20 x 22 cm.
— Japon 2, 2007. Céramique. 15 x 20 x 22 cm.
— Monticule, 2007. Porcelaine. 30 x 16 cm.
— Sandwich, 2007. Caoutchouc, aluminium, carton. 6 x 58 x 29 cm.
— Monticule 2, 2007. Porcelaine. 30 x 15 cm.
— Wedgewood Série, Z, 2007. Porcelaine, résille plastique. 28 x 30 x 22 cm.
— Caoutchouc, 2007. Céramique, caoutchouc. 30 x 30 x 5 cm.
— Branche V, 2007. Céramique teinte. 32 x 7 cm.