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Les Sentiers de Californie

Il y a deux ans, la galerie Eric Mircher présentait pour la première fois en France le travail de Steve Galloway, auteur d’une peinture précise, proche de l’illustration, combinant dans un style léché, à la manière de l’art naïf du Douanier Rousseau, des éléments d’une ironie fantaisiste.
Influencé par le surréalisme, l’artiste juxtapose allègrement motifs et références, à la manière des combinaisons arbitraires de Max Ernst ou de René Magritte. Son travail, affirme-t-il, «provient d’impressions intériorisées du monde», qu’il utilise pour «construire des images qui réinterprètent les choses, ou, peut-être, réalisent différentes possibilités à partir des choses que nous connaissons ou qui n’existent pas».
Ce sont, dit-il encore, des «lieux imaginaires qui, le plus souvent, suggèrent une présence humaine».

L’exposition actuelle, intitulée «Les Sentiers de Californie» offre la vision d’une Californie rêvée, univers onirique à la fois drôle et angoissant. Les objets y prennent chair ou subissent des mutations nées de l’imagination de l’artiste.

Ainsi, dans The Great Sea (2008), une sorte d’ermite, dont le bas du corps fait office de mini piscine, est assis au pied d’un arbre, face à un immense paysage, où il semble attendre son heure.
Dans Riding The Backwater (Parcourant le marais, 2008), une créature égyptisante, juchée sur un crocodile, survole un marécage éclairé par une lune jaune.
Le fusain Descent (2007) montre un lit violemment éclairé par une lumière zénithale, et percé d’un puits dans lequel descend une échelle qui semble mener tout droit à l’inconscient des rêves.
Dans Referee (Arbitre, 2007), un monstre aux proportions inhumaines domine un monde peuplé de créatures absurdes, et dans La Cabeza (2007), le visage de Picasso domine, tel un soleil irradiant, une utopique salle de musée, symbole de la domination écrasante du génie.

Steve Galloway multiplie ainsi les décrochages de sens, ce qu’il nomme, dans un autre dessin au fusain intitulé Betrayal of Meaning (2007), et représentant des écrans juxtaposés, l’un surmontant un marécage, l’autre immergé dedans, la «trahison du sens». Les paysages du peintre sont des sortes de représentations mentales monumentales, où apparaissent au milieu de déserts des injonctions, comme dans Evacuate here (2007), ou des architectures étranges, entre bâtiments modernistes et cavernes primitives (Mythic Apparitions, 2007).
Ainsi Isle of Mystery (2007) est une sorte de terrain vague parsemé de flaques, où dialoguent des constructions anthropomorphes et zoomorphes. L’artiste y projette une vision à la fois drôle et cauchemardesque, éprouvant sans répit la capacité de projection onirique du spectateur.

Steve Galloway
— Terrestrial Patterns, 2007. Fusain sur papier. 38 x 28 cm
— La Cabeza, 2007. Fusain sur papier. 38 x 28 cm
— Cherry Blossom, 2007. Fusain sur papier. 28 x 38 cm
— Isle of Mystery, 2008. Huile sur lin. 61 x 91,4 cm
— Riding the Backwater, 2008. Huile sur toile. 40,6 x 50,8 cm
— The Shroud of Oculus, 2008. Huile sur toile. 61 x 45,7 cm

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