A la bombe ou au pinceau, après la chute, le 9 novembre 1989, les peintres ont marqué le monument de leurs compositions. Par là ils en ont fait un support de liberté, à l’opposé de son ancienne fonction. Le béton, resté vierge de tout signe côté Est avant la chute, avait ainsi obtenu réparation.
Le Mur est donc devenu une fresque, et East Side gallery, son nouveau nom. A l’heure où Berlin fête les vingt ans de sa chute ce qu’il en reste est une galerie d’art à ciel ouvert.
Les peintres à l’époque se retrouvèrent autour d’un projet commun: la division de Berlin et son unité retrouvée. Mais ici, le support fait déjà sens. Les artistes ont-ils fait art de l’histoire, ou ont-ils incorporé leur art à l’histoire ?
Car pour cette galerie l’exposition est permanente, sur les œuvres les passants n’hésitent pas à signer, et la contemplation est curieusement mêlée de réflexion politique.
Le long du Mur aujourd’hui les sensations ont certes changé, plus esthétiques sans doute. Mais si l’histoire désormais n’y bat plus mais seulement s’y contemple, durant la promenade, l’on se sent moins public des peintres qui l’habillèrent que témoins en retard d’une ambiance libertaire, de l’allégresse que procure le retournement historique.
En 1992 le monument-mur-galerie fut d’ailleurs classé au patrimoine historique. Entre art et histoire le Mur est une galerie de souvenir et d’histoire sans doute, d’œuvres peut-être, à moins qu’il ne s’agisse de la même chose…