Communiqué de presse
40 ans de Rencontres,
40 ans de ruptures
Par François Hébel, directeur des Rencontres d’Arles:
«Pour célébrer 40 ans de cette fragile aventure, on rêverait de convier tous ceux qui sont généreusement venus présenter leur travail. Toutefois il n’est pas sûr que l’entreprise nostalgique et glorifiante sied trop aux Rencontres dont l’histoire est faite de créations en cours, de photographes repoussant les limites de l’image fixe, de moments de passage incertains. Cette histoire-là n’a jamais été aussi foisonnante.
Il était néanmoins tentant de réunir quelques amis qui ont permis cette aventure ; le programme 2009 repose sur deux catégories.
40 ans de Rencontres réunit les directeurs artistiques qui ont permis à cette formule de s’inventer au fil de l’eau, célèbre le talent de Robert Delpire qui accompagne tant d’artistes dans leur création et a inventé tant d’outils pour la diffuser au public et rend hommage au doyen de nos visiteurs photographes Willy Ronis, qui à 99 ans, proclame son attachement à Arles.
40 ans de ruptures expose des photographes dont le travail a créé le débat lors de leur présentation à Arles en s’éloignant des académismes de leur époque. Au premier rang d’entre eux Duane Michals qui présente une rétrospective et Nan Goldin dont la Ballad of Sexual Dependency a tant marqué les Rencontres et qui a la gentillesse d’inviter à son tour ses amis photographes.
Rupture aussi avec l’exposition Without sanctuary qui montre à travers cette collection tragique du Center for Civic and Human RIghts d’Atlanta, le chemin parcouru avec l’élection de Barack Obama depuis l’époque, pas si lointaine, où les photographes du sud des États-Unis éditaient des cartes postales pour se vanter du lynchage d’hommes et de femmes afro-américains.
Combien sont-ils, ceux qui en 1970, ont cru à cette aventure, quand à l’époque des stages de macramé, de poterie, de méditation, Lucien Clergue importa des États-Unis les stages de photographie.
Noyautant le festival généraliste, imprégné des fêtes de la tradition arlésienne, puis forcé de créer une structure autonome, sans lieux ni réel budget, avec l’aide essentielle de Jean-Maurice Rouquette et la caution précieuse de Michel Tournier, Lucien affirme une vision.
Il devine le rôle central que prend la photographie et il veut briser la solitude du photographe en créant une communauté d’échanges. Lucien aime la photographie, il aime les arts, mais plus que tout, il aime les artistes.
Cette différence essentielle définit pour toujours pourquoi les Rencontres sont uniques. Dans une époque où souvent les commissaires d’expositions admirent l’œuvre mais redoutent l’artiste, le mot «rencontres » enrichit celui d’exposition.
L’avenir passe par l’accueil d’un public en croissance rapide qui séjourne plus longtemps, fait nouveau, afin de s’imprégner de la diversité des programmes proposés.
L’avenir passe aussi par cette autre spécificité arlésienne, rare institution où le programme n’est pas dans les mains d’un seul directeur artistique, mais qui sollicite l’expertise de commissaires venus du monde entier pour créer à Arles des expositions produites spécialement.
Grâce à la Fondation LUMA le réaménagement du Parc des Ateliers va faire franchir une étape dans la présentation des expositions notamment. À titre de préfiguration de ces activités LUMA invite l’artiste Roni Horn à exposer un projet photographique inédit.
Enfin, l’avenir passe par les activités pédagogiques comme les stages renouvelés, les colloques, débats et la rentrée scolaire en images qui est plébiscitée par le milieu enseignant.
Les partenaires privés des Rencontres, SFR, la Fnac, Olympus, Hermès…renouvèlent leur fidélité malgré les temps difficiles.
Le programme 2009 est le fruit du travail d’équipes désormais stables et rodées, qui accomplissent chaque année le tour de force de livrer 60 expositions et de nombreux événements dans la plus grande économie de moyens. »
L’éditorial complet de François Hébel est accessible par le lien suivant : http://www.rencontres-arles.com