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Les premiers albums

14 Nov - 15 Fév 2016
Vernissage le 14 Nov 2015

Les photographies de Lucien Clergue sont ici regroupées par thèmes, dans un parcours réalisé par Christian Lacroix et François Hébel. C’est grâce à la découverte d’albums de travail à la mort du photographe, restés jusque-là inconnus, que l’on peut saisir la fulgurance et la poésie mortifère qui habitaient l'œuvre de Lucien Clergue.

Lucien Clergue
Les premiers albums

Lucien Clergue (1934-2014) n’a pas encore vingt ans lorsque Pablo Picasso décide de le parrainer après qu’il lui ait présenté ses premières photos à la sortie d’une corrida, à Arles (1953). Il accepte de dessiner pour lui la couverture de plusieurs ouvrages à venir et lui présente Jean Cocteau qui l’aide généreusement à structurer le discours de son œuvre.

C’est grâce à la découverte d’albums de travail à la mort du photographe, restés jusque-là inconnus, que l’on peut saisir la fulgurance et la poésie mortifère qui habitaient alors Lucien Clergue et qui a séduit ces deux grands artistes. Sept albums, notamment de collections textiles pour couturière, récupérés, dont les échantillons de tissus ont été remplacés par des contacts présentent les thèmes les plus radicaux des premiers travaux de Lucien Clergue: charognes, ruines, enfants déguisés en saltimbanques, gitans, et très vite, la tauromachie et les premiers nus. Tout est dit de l’âme de ce jeune adulte, encore enfant pendant les bombardements de la seconde guerre mondiale, qui soigne sa mère, petite commerçante arlésienne, avant qu’elle ne disparaisse alors qu’il est encore jeune.

Célèbre pour ses photographies de nus féminins qui rencontrent la révolution sexuelle des années 60/70, le cœur de l’œuvre de Clergue est d’une autre poésie. Cette exposition le raconte à travers un parcours original qui propose une lecture de l’œuvre, réduite, réorganisée et dans une nouvelle hiérarchie. Par exemple: ses magnifiques photographies des gitans d’Arles et des Saintes Maries, prennent une ampleur que l’artiste ne leur avait pas donné de son vivant ne voulant pas être pris pour un reporter à une époque où la photographie était très clivée. Il était d’ailleurs celui qui avait découvert Manitas de Plata qu’il accompagne dans le monde entier.

Cette mise en place rapide d’une œuvre trouve son aboutissement dans une thèse qu’il soutient uniquement à l’aide de photographies devant Roland Barthes qui lui reconnaît  la maîtrise d’un langage émergent. C’est l’apogée de la recherche de Lucien Clergue.

Il consacre ensuite une grande partie de son énergie à promouvoir le travail des autres à travers la création des Rencontres Internationales de la Photographie qui deviennent vite le rendez-vous mondial de cet art en plein essor, en parallèle de la gestion de sa propre carrière.

Très tôt exposé au Musée d’Art Moderne de New York (1961), la consécration de Lucien Clergue est d’être le premier photographe à entrer à l’Académie des beaux-arts (2006). Son succès vient aussi de sa qualité de conteur. Sa voix, enregistrée à l’occasion d’une exposition fêtant ses 80 ans aux Rencontres d’Arles, accompagne les visiteurs ainsi que quelques enregistrements pour la télévision qui montrent, très tôt, sa conviction de ce que la photographie va advenir.

Le parcours conçu par les deux commissaires permet de s’immerger, dans les meilleures photographies de cette période féconde, regroupées par thèmes, dans une mise en scène qui devrait rendre la visite très dynamique et redonner sa juste place à ce photographe mondialement célèbre.

Le couturier et décorateur de théâtre arlésien Christian Lacroix et le directeur artistique, ancien directeur des Rencontres de la photographie d’Arles, François Hébel, ont été invités par le Grand Palais à réaliser le commissariat et la scénographie de cette exposition pour leur amitié avec Lucien Clergue et leur passion partagée pour Arles, cadre indissociable de l’œuvre du photographe.

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