DANSE | SPECTACLES

Les Philosophes, Ozoon

16 Juin - 28 Juin 2014
Vernissage le 16 Juin 2014

Figure emblématique de la danse contemporaine en France, Josef Nadj installe son univers artistique dans la Grande halle pour une carte blanche. Avec Les Philosophes, Josef Nadj confronte l’Homme à lui-même, à sa propre masculinité et à son rapport au père. Ozoon, quant à elle, donne à voir ce qu’il reste de l’état sauvage chez l’Homme aujourd’hui.

Josef Nadj
Les Philosophes, Ozoon

Les Philosophes
Inspiré de l’œuvre de Bruno Schulz

«Selon des voies et sous des couleurs à chaque fois différentes, la question de l’origine et de son mystère traverse toute l’œuvre de Josef Nadj. Dans Les Philosophes, elle fait l’objet d’une quête menée par cinq hommes – quatre fils, apprentis ou disciples, réunis autour de la figure tutélaire d’un Père ou d’un Maître.

Pour spirituelle que soit cette quête, c’est de «philosophie pratique» dont il s’agit ici: les expériences auxquelles se livrent nos cinq philosophes portent en effet sur des matériaux concrets, quand ce n’est pas sur la Nature elle-même. Et elles relèvent davantage du faire que de quelque spéculation intellectuelle.

Ce sont, entre autres épreuves ou rituels drolatiques et mystérieux, l’exploration d’un champ d’herbes hautes, l’arpentage d’une clairière détrempée par la pluie, le sondage d’un étang, l’observation de la trace laissée par la bave d’un escargot géant, la scrutation de l’iris d’un hibou grand-duc posté derrière une porte en pleine forêt, l’analyse d’un lambeau d’image sur le mur d’une maison en ruines, la transmutation d’une flaque d’eau en tétraèdre de glace, l’écoute du vent, d’une musique au loin ou du bercement produit par l’affolement d’une mouche hypertrophique derrière un carreau…

Ce sont une oraison funèbre, des empilements de rocs ou de branchages, des corps à corps avec ou sans arbitre, l’animation de chapeaux dans un grenier encombré, l’essayage de masques de toute sorte, la fabrication délicate d’un petit mannequin de bois et de charpie, ou encore l’embouchure synchrone de quatre clairons muets…

Dédiés à l’artiste et écrivain juif polonais Bruno Schulz (Drohobycz, Galicie, 1892-1942) et inspirés par son univers, ces Philosophes se déroulent dans trois espaces-temps distincts, et recourent, dans chacun, à trois média différents : une exposition de tableaux, une projection filmique, enfin une performance scénique qui a lieu au cœur d’un dispositif concentrique où le spectateur est progressivement entraîné. (Myriam Bloedé)

Ozoon
«Cette commande de la Biennale de danse du Val-de-Marne part d’une série de photographies de Charles Fréger, réalisées en Europe, plutôt centrale et orientale, et portant sur des hommes déguisés comme au carnaval, mais un carnaval des animaux sauvages, chimériques et souvent inquiétants. Ces personnages et cette thématique croisent l’univers du chorégraphe, qui en tire une pièce pour trois danseurs et deux musiciens (Akosh S. et Gildas Etevenard) mêlés.

Josef Nadj et Charles Fréger, chacun à leur manière, se sont interrogés sur ce qu’il nous reste de l’homme sauvage. Un archétype, dont subsistent encore certaines traditions et folklores, comme autant de représentations d’une animalité dont l’homme moderne se réclame mais qu’il rejette.

À partir d’un travail d’observation sur des rites anciens de mascarades, fêtes masquées de villages autour des Wilder mann que Charles Fréger a photographiés, Josef Nadj construit un propos touchant aux racines de nos peurs collectives et ancestrales. Il réinterprète quelques figures irréductibles de nos monstruosités enfouies, dont beaucoup ont déjà traversé son oeuvre. Ces rituels d’opposition ou d’association complexes, en forme de rites de passage, nous rappellent avec énergie nos étonnantes mœurs sociales et autres représentations bouffonnes du pouvoir.
Danseurs et musiciens se retrouvent dans une arène, cercle déambulatoire et expiatoire; sorte de boucs émissaires de nos petits arrangements humains, en écho à notre mémoire sacrée d’homme sauvage, à l’homme libre que nous avons été.

«La pensée des hommes, à quelque époque qu’ils appartiennent, à quelque culte qu’ils sacrifient, et quand bien même ils cherchent à s’en défendre, est pleine de bêtes, depuis la nuit des temps nous sommes visités, envahis, traversés par les animaux ou par leurs fantômes. Ce que Deleuze et Guattari ont formalisé sous l’appellation du «devenir-animal », ce n’est pas une cartographie de transferts exceptionnels, ce ne sont pas des «cas», c’est une exposition généralisée de l’humanité à son fonds originaire, c’est un peuplement de l’esprit par ce qui l’entoure et que peut-être il ne voit plus, ne veut plus voir.» (Le Versant animal, Jean-Christophe Bailly, ed. Bayard).

Informations

Du 16 au 20 juin: Les Philosophes
Du 23 au 27 juin: Ozoon

critique

Les Philosophes, Ozoon

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