L’exposition « Les mains sales » à la galerie Maubert, à Paris, réunit des œuvres de Nicolas Daubanes : des sculptures, installations, vidéos et dessins placés sous le signe du sabotage.
« Les mains sales » : artistes et intellectuels peuvent-ils être révolutionnaires ?
L’exposition constitue la suite personnelle que Nicolas Daubanes tire de celle actuellement proposée à la Villa Arson de Nice, sous le titre « Go Canny! Poétique du sabotage ». Dans la continuité de ce programme où des œuvres d’art incarnent de nouveaux modes de résistance, l’exposition « Les mains sales » souligne la nature originellement créative du sabotage.
L’exposition emprunte son titre à une nouvelle de Jean-Paul Sartre qui suit l’itinéraire d’un intellectuel bourgeois engagé dans un parti révolutionnaire. Sous cet emprunt se cache un double paradoxe que relève Nicolas Daubanes : les artistes et les intellectuels tendent à s’engager politiquement mais cet engagement est rendu difficile et ambigu par l’idée qu’un intellectuel, par son statut bourgeois, ne peut véritablement incarner un combat révolutionnaire.
Le sabotage est avant tout un acte créatif
La démarche de Nicolas Daubanes vise à affronter le préjugé qui veut que le musée, en tant que lieu à l’écart des contingences sociales et donc bourgeois, ne puisse accueillir des expressions de la révolution. Ses œuvres rappellent que le sabotage, avant d’être une tactique militaire ou politique, est par essence un acte créatif.
Les créations de Nicolas Daubanes s’approprient des techniques et des représentations relevant de l’univers guerrier, carcéral et politique, qu’elles détournent pour mieux relier l’actualité et la fiction, action et engagement. L’ensemble de trois sculptures intitulé Sabotage mêle du béton, du fer et du sucre dans des formes qui tiennent à la fois de l’escalier et du matériel militaire. Une clef fabriquée en céramique dentaire est censée permettre d’ouvrir le quartier des femmes de la prison des Baumettes et franchir les portillons de sécurité. Réduite en morceaux, elle apparaît à la fois comme une arme tranchante et comme l’image d’un espoir détruit.