Alix Eynaudi, Agata Maszkiewicz, Ivana Müller, Thomas Ferrand, Juan Dominguez, Amalia Fernandez, Sylvain Decure, Cécile Proust, Jacques Hoepffner, Jean-Christophe Meurisse, François Chaignaud, Cécilia Bengolea, Jeune Fille Orrible…
Les Inaccoutumés 2010
Depuis sa création en 1983, la Ménagerie de verre s’est imposée comme véritable espace de création atypique, configuré par la présence, l’engagement et les propositions de plusieurs générations d’artistes et de praticiens. D’Odile Duboc, Christian Rizzo à François Chaignaud et Cécilia Bengolea, tous ont trouvé ici les ressources artistiques et pédagogiques dans lesquelles puiser la force d’une maturité et d’une autonomie créative.
Lieu plus que précieux pour les danseurs, les chorégraphes, les metteurs en scène (Christophe Huysman, Philippe Quesne…), les écrivains (Christophe Fiat, Chloé Delaume …), les musiciens (Kasper T. Toeplitz, Vincent Epplay …) et les plasticiens (Nicolas Floc’h, Gilles Touyard …), la Ménagerie de verre a su attirer l’attention et le respect d’une scène internationale exigeante (Lisbonne, Berlin, Tokyo, Montréal…). Elle irrigue de la singularité de ses choix un réseau européen d’artistes producteurs de formes et de sens qui alimente en retour, par leur présence à la Ménagerie de verre, la communauté artistique française.
Programme complet
Alix Eynaudi et Agata Maszkiewicz, Long Long Short Long Short (mardi 9 et mercredi 10 novembre 2010 à 20h30)
— Durée: 50 minutes
— De et avec: Alix Eynaudi et Agata Maszkiewicz
— Collaboration artistique: Paula Caspão, David Elchardus, Philippe Quesne, Vincent Tirmarche
Alix Eynaudi et Agata Maszkiewicz travaillent toutes les deux en tant qu’interprètes et chorégraphes. Alix Eynaudi a créé Crystalll (2005), en collaboration avec Alice Chauchat, et Supernaturel (2007) et de son côté Agata Maszkiewicz a créé Polska (2009). En 2008, elles font toutes les deux partie de Big 3 – Happy / End de Superamas, et travaillent ensemble sur Komposition, un projet créé en collaboration avec Anne Juren et Marianne Baillot. A la suite de ces multiples croisements de parcours, elles décident de continuer à travailler ensemble et leur première collaboration prend la forme d’un film: The Visitants (2008).
Long Long Short Long Short est leur deuxième projet commun. Soit une pièce de danse le temps de laquelle elles examinent les différents types de relations qui les unissent entre elles mais aussi aux autres «acteurs» de la pièce (amitié, sexualité, etc.) convoquant pour cela — et tour à tour — le mouvement, le langage, le texte, la lumière, les costumes, etc.
Ivana Müller, 60 Minutes of Opportunism (jeudi 11, vendredi 12 et samedi 13 novembre 2010 à 20h30)
— Durée: 60 minutes
— De et avec: Ivana Müller
— Collaboration artistique: Agata Maskiewicz, Paz Rojo, Jefta van Dinther, David Weber Krebs, Gaëlle Obiégly, Inge Koks, Bill Aitchison, Thomas Brosset et autres
— Création lumière, direction technique: Martin Kaffarnik et Ludovic Rivière
— Création sonore: Nils De Coster
Dans son nouveau solo, Ivana Müller questionne l’acte d’être en scène, de se représenter ou de jouer en public. En étant cette fois elle-même sur scène (ce qu’elle n’a pas fait depuis 2002), elle réunit en un seul corps, l’acteur et l’auteur.
Tout a commencé par une commande passée à Ivana Müller par une de ses collègues après une longue discussion sur «le bilan de milieu de carrière»: un solo de quinze minutes autour des contradictions entre opportunité et opportunisme, avec interdiction d’utiliser la vidéo et obligation pour la chorégraphe d’être sur scène. Ivana Müller a répondu avec ce mélange d’humour, de malignité et de philosophie qui caractérise son travail — et a opportunément prolongé la durée du solo à 60 minutes. Prenant la commande au pied de la lettre, elle s’en sert en effet comme un moteur de création artistique et décline sur scène une série de propositions basées sur l’exploration de différentes opportunités que lui offre ce spectacle. Comme toujours, elle parvient à donner corps à des idées (un mariage parfait entre philosophie et danse) dans une mise en abîme vertigineuse qui convoque des images pour mieux les déjouer.
On peut y voir un one-woman show (avec des invités occasionnels), un manifeste sur être “public”, un jeu de rôle expérimental ou une pièce qui interroge le pouvoir des uns et des autres: interprète, chorégraphe, spectateurs. Qui profite de qui, et comment?
Thomas Ferrand, Extase de Sainte-Machine (mardi 16 et mercredi 17 novembre 2010 à 20h30)
— Durée: 60 minutes
— Metteur en scène: Thomas Ferrand
— Avec: Alex Beaupain, Robert Bonamy et Virginie Vaillant (distribution en cours)
— Techniques / participation artistique: Melchior Delaunay
— Avec la participation de: Jean-Baptiste Julien et cntrdrchrchdsndsgntdsns
— Et de quoi ça parle ?
— Je ne sais pas. Ils n’ont rien mis dans le dossier de presse.
Juan Dominguez et Amalia Fernandez, Shichimi togarashi (jeudi 18, vendredi 19 et samedi 20 novembre 2010 à 20h30)
— Durée: 90 minutes
— De et avec: Juan Dominguez et Amalia Fernandez
— Graphisme: Andres Martinez
Dans Shichimi Togarashi, Juan Dominguez et Amalia Fernandez jouent à mettre en scène non seulement un processus de création, mais également le processus de leur propre relation. Comment se sont-ils rencontrés? Comment se sont-ils réciproquement exprimés leurs fantasmes? Avec humour, leur nouvelle pièce pose la création non plus comme un moyen pour atteindre le sens transcendantal de l’oeuvre mais comme l’espace de tous les possibles. Pour se faire, Juan Dominguer et Amalia Fernandez inventent plusieurs points de départ à partir desquels ils créent des scènes, puis reviennent en arrière et montrent comment une autre aurait pu être crée à partir de la même base, pour ensuite mélanger toutes ces scènes possibles et en inventer une beaucoup plus complexe. Un brouillage des pistes, renforcé par des univers multiples: du monde contemporain à l’époque Renaissance, du mouvement à la parole orale et écrite, de la nudité réelle à celle fantasmée, etc.
La sensation générale est alors celle d’une oeuvre sans fin, qui pourrait continuer fait après fait, comme un état vivant de création, sans objectif de parvenir a aucun type de conclusion — même partielle — du sens.
Sylvain Decure/Les Hommes penchés, Demain, je ne sais plus rien (mardi 23 et mercredi 24 novembre 2010 à 20h30)
— Création en collaboration avec Christophe Huysman
— Durée: 60 minutes
— De et avec: Sylvain Decure
— Regard extérieur/intérieur: Christophe Huysman
— Régie plateau et complicité artistique: Cyrille Musy
— Création lumières et régie générale: Emma Juliard
— Création sonore: Bertrand Landhauser
Après dix ans de travail sur des projets collectifs, Sylvain Decure, artiste circassien et interprète, formé au Centre national des arts du cirque, se lance dans la création de son premier spectacle. Demain, je ne sais plus rien est un projet dans le cadre du compagnonnage de la compagnie Les Hommes penchés avec la complicité de Christophe Huysman. «J’ai régulièrement travaillé avec Sylvain Decure d’une manière ou d’une autre, qu’il soit acteur, artiste de cirque, intervenant à mes côtés, riche d’idées, de solutions, de propositions, souvent discrètement auprès de la mise en scène. Par ailleurs ses réalisations d’interprètes en font un artiste particulièrement singulier et inventif, ce qu’on appelle une personnalité rare qui ne demande qu’à se développer.» Christophe Huysman
Cécile Proust et Jacques Hoepffner, fem #24, un bon coup de fouet, ça remet les idées en place (jeudi 25, vendredi 26 et samedi 27 novembre 2010 à 20h30)
— Durée: 55 minutes (Femmeusesuite: 60 minutes)
— De et avec: Cécile Proust
— Artiste associé et scénographie numérique: Jacques Hoepffner
— Régie lumières : Jean-Michel Hugo
— Plateau: Lynda Rahal
— Invitées pour les Femmeusesuites: Zahia Rahmani et François Chaignaud
Après chaque spectacle:
La soirée du 25 nov: visite de l’installation dans le cadre des Femmeusesuites
La soirée du 26 nov: performance de François Chaignaud (danseur et chorégraphe) sur la question de la subversion dans le porno
La soirée du 27 nov: performance de Zahia Rahmani (écrivaine et théoricienne de l’art, dirige le programme «art et mondialisation» à l’INHA)
Fem #24, est le prologue d’une postface, personnel et donc politique, drôle mais extrêmement pointu, féministe et sexuel, précis et documenté autant que flou et de mauvaise foi. Simili lesbienne couchant avec des hommes, Cécile Proust, postféministe vandale, y fait feu de tout bois, elle est seule mais très entourée, peut-être nue mais néanmoins culottée.Entre l’autoportrait et le pamphlet, ce manifeste intime est un rhizome d’où fleurissent d’autres voix.
Ça peut vous caresser dans le sens du poil mais aussi vous le rebrousser, voire le hérisser.
C’est lisse et soyeux, mais épicé à fleur de peau.
C’est impatient, en cours, et à long terme.
C’est singulier donc universel. Bref, un truc impossible.
Cécile Proust y parcours son trajet lié à celui de femmeuses et le trajet de femmeuses dans le contexte social, artistique, amoureux et politique qui l’a vue naître et précédé. Elle tente d’y mettre en oeuvre une des idées fondatrices des féminismes, «le personnel est politique».
Femmeuses est un projet de recherche artistique et théorique engagé par Cécile Proust depuis 2004. C’est une recherche sur les interactions entre les pensées féministes, postcoloniales, queer et la postmodernité en art. C’est un travail sur le codage des corps, la fabrique des genres, l’ordre sexuel et celui des sexualités.
Jeune Fille Orrible, Jeune Fille Orrible (mardi 30 novembre et mercredi 1er décembre 2010 à 20h30)
Première partie de soirée
— Durée: 20 minutes
— De et avec: Jeune fille Orrible
— Repères biographiques: Audrey Gaisan (1982) est danseuse, Frédéric Danos (1959) et Olivier Nourisson (1968) sont poètes et performeurs.
Jeune Fille Orrible est depuis fin 2007 un principe d’infamie lyrique en trio. Frédéric Danos, Audrey Gaisan, Olivier Nourisson y manipulent et élaborent du bruit acoustique improvisé sans aucune sonorisation. Ils utilisent, avec le sang-froid d’une jeune fille qui se mire, guitare espagnole, tiges ligneuses, barres de fer, cymbales, scotch, plaques de polystyrène, caddie, maracas, grelots, wood-stick, abat-jour métallique, balai, pots de terre, tables, accordéon chromatique, harmonicas, chaises, bouteille en plastique vide, sac de pommes de terre, marteaumasse, coffrage d’aggloméré, tambourin, flûte à bec, baguettes de batterie, fauteuil club, pied de caméra, lame circulaire, peigne, cintres, rideau de fer, égoïne, sols, murs… Ils utilisent la performance. Ils utilisent le lieu où ils performent.
François Chaignaud et Cécilia Bengolea, Hydra (mardi 30 novembre et mercredi 1er décembre 2010 à 20h30)
Deuxième partie de soirée
— Durée: 50 minutes
— Concepteurs du projet et interprètes: François Chaignaud, Cécilia Bengolea
— Interprète, transmission: Suzanne Bodak
— Interprètes: Lenio Kaklea, Mickaël Phelippeau
— Piano: Alexandre Bodak
— Lumière et son: Erik Houlier
A partir de leur projet Danses Libres, François Chaignaud et Cécilia Bengolea inventent spécialement pour l’espace de la Ménagerie de Verre, Hydra, une version colorisée de leur récital. Le Off devient ici une île utopique et méconnue où ces danses oubliées de l’entre deux guerres retrouvent des couleurs et une intensité actuelles et troublantes.
Jean-Christophe Meurisse / Les Chiens de Navarre, L’Autruche peut mourir d’une crise cardiaque en entendant le bruit d’une tondeuse à gazon qui se met en marche (jeudi 2, vendredi 3 et samedi 4 décembre 2010 à 20h30)
— Durée: 60 minutes
— Avec: Caroline Binder, Antoine Blesson, Robert Hatisi, Manu Laskar, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent.
— Lumières: Mikael Oliviero
La Ménagerie de Verre a décidé de consoler tous ceux et celles qui n’avaient pas pu avoir de place au festival Etrange Cargo en mars dernier en programmant à nouveau L’Autruche peut mourir d’une crise cardiaque en entendant le bruit d’une tondeuse à gazon qui se met en marche, performance gymnastico-oenologique du collectif des Chiens de Navarre — dirigée par Jean-Christophe Meurisse. Ils célèbreront à nouveau — et comme il se doit — l’amitié entre les peuples autour d’un verre de vin rouge. «L’Histoire ne se répète pas, elle bégaie.» Karl Marx